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France, c’est une bonne organisation des transports militaires. Il n’existait, à cet égard, aucun plan, aucun règlement, aucune instruction, et l’administration de la guerre s’est trouvée prise complètement au dépourvu. Il lui a été impossible d’organiser en face de l’ennemi, et sous le coup de désastres terribles, un service qui exigeait des études et une longue préparation. Il n’est rien, en matière de transports, que les compagnies ne puissent faire aussi rapidement et aussi bien que le gouvernement. Dans la guerre de 1866, la Société de la Haute-Italie, malgré la situation délicate dans laquelle elle était placée, a montré un zèle et un dévoûment qui lui ont valu de la part du ministre de la guerre des éloges mérités. L’essentiel est que l’administration militaire ait des ordres de service bien étudiés et un personnel préparé de longue main à la mission qu’il aura à remplir, enfin que ses droits en temps de guerre soient inscrits dans la loi. Si l’exécution des ordres du ministre de la guerre est assurée, qu’importe que les agens d’exécution aient ou non un brevet de fonctionnaire ? La sécurité de l’état n’impose donc point l’obligation de remettre au gouvernement l’exploitation des chemins de fer et de créer un précédent dangereux au point de vue économique. En effet, on pourrait arriver, par les mêmes argumens, à revendiquer pour l’état la construction du matériel roulant, les services de navigation, l’exploitation des mines de fer et de charbon, la fabrication des armes et autres branches d’industrie qui seraient enlevées à l’activité nationale pour être livrées à la routine de quelque bureaucratie.

Aussi, la première partie du rapport de la commission se termine-t-elle par la déclaration suivante : « Les raisons invoquées de part et d’autre ont été mûrement pesées par la commission, laquelle, dans une séance spéciale, les quinze membres dont elle se compose étant tous présens, a décidé à l’unanimité qu’il est préférable que l’exploitation des chemins de fer soit confiée à l’industrie privée. »


II

L’étude approfondie à laquelle la commission d’enquête s’était livrée l’avait donc conduite à rejeter l’exploitation par le gouvernement, comme le parlement l’avait déjà fait. Mais comment et dans quelles conditions se ferait l’exploitation par l’industrie privée ? La commission paraît avoir été frappée des avantages du système introduit en France par les conventions de 1859 entre l’état et les six grandes compagnies. Ce système lui semble avoir heureusement concilié tous les intérêts : ceux du public, ceux des actionnaires, et ceux du gouvernement. Elle exprime donc une préférence très