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proposition, sans doute à cause des difficultés que son application pourrait présenter et des sacrifices trop grands qu’elle pourrait entraîner pour le trésor public.

« La commission d’initiative a partagé ces craintes dans une très large mesure.

« Elle ne pense pas que la proposition telle qu’elle est formulée par ses auteurs doive être adaptée par le parlement. Mais si votre commission ne croit pas devoir approuver les termes mêmes de la proposition, elle s’associe chaleureusement aux sentimens et à la pensée qui l’ont inspirée, elle en adopte l’esprit. Elle juge qu’il y a lieu de venir en aide à des populations si cruellement éprouvées, elle croit que la justice le commande non moins que les intérêts d’état, et elle a la confiance que l’étude approfondie de cette importante question permettra de trouver les moyens pratiques d’atteindre le but que se sont proposé nos honorables collègues par la proposition soumise à notre examen, tout en sauvegardait avec soin et prudence les intérêts du trésor. »

En résumé, la commission d’initiative constate l’exceptionnelle gravité de la situation, elle pense qu’il faut venir sans retard au secours des viticulteurs en leur procurant les moyens de replanter leurs champs en cépages américains, elle adopte l’esprit de la proposition de loi de M. Maurel, mais elle attend, pour en proposer la réalisation, que l’état de nos finances le permette. A ce compte, nous avons bien peur qu’elle attende longtemps ; et les viticulteurs aussi. Cependant, nous l’avons déjà fait remarquer, la proposition de M. Maurel était bien modeste, elle ne demandait au budget de 1884 qu’une somme de 1 million à titre de garantie des intérêts de sommes plus importantes qu’une compagnie pourrait avancer aux viticulteurs désirons de replanter leurs vignes en cépages américains. M. Maurel faisait remarquer avec raison que l’assimilation des planteurs de vignes exotiques aux syndicats constitués pour l’emploi du sulfure de carbone mettrait entre les mains des propriétaires déjà ruinés des ressources bien insuffisantes, s’élevant à peine à 125 francs par hectare, et qu’il était bien préférable de leur fournir les moyens d’emprunter tout l’argent nécessaire à un taux peu élevé. Ce résultat pouvait être facilement obtenu en offrant aux prêteurs, en sus de la garantie des intérêts à 4 pour 100 par l’état, leur privilège sur le fonds et sur les récoltes. Pour éviter d’ailleurs tout mauvais emploi de l’argent prêté, M. Maurel jugeait nécessaire le concours d’un agent spécial chargé dans chaque département, de faire une enquête préalable, sur toutes les demandes, de déterminer les zones dans lesquelles les plantations pourraient avoir lieu, d’indiquer le choix des cépages et de surveiller les plantations ainsi que les cultures. Bien des écoles pourraient ainsi être évitées et, dans peu