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végétation arborescente si l’état de choses régnant au milieu de la craie se trouvait rétabli.

Un autre enseignement résulte de la découverte du cycas groënlandais, c’est la filiation probable du cycas actuel du Japon par ce prototype polaire. En effet, ce ne sont pas de vrais cycas, mais des cycadites, c’est-à-dire un type distinct, bien que rapproché du premier, que l’on observe à l’état fossile dans l’Europe jurassique. Ces cycadites ont depuis disparu sans laisser de traces. Les vrais cycas, au contraire, comme le fait voir la découverte de Heer, auront eu leur berceau dans l’extrême Nord, d’où ils auront ensuite émigré lorsque l’abaissement aura été trop sensible pour leur permettre d’habiter le Groenland. L’archipel japonais paraît avoir été justement, dans l’opinion de M. Nathorst, une de ces terres destinées par leur situation géographique à favoriser les émigrations des plantes polaires et placées sur la route suivie à diverses reprises par celles-ci à mesure qu’elles s’éloignaient de leur mère patrie. Le cycas revoluta, spontané et réellement indigène au Japon, paraît avoir été partout ailleurs, aux Philippines, en Chine et dans les Indes, introduit par la culture soit à titre de plante d’ornement, soit encore comme plante alimentaire, fournissant le « sagou. » Il serait donc originaire du Japon ; mais là, combattu et chassé par le froid, il aurait été repoussé au sud de l’archipel et cantonné finalement dans un étroit espace. Si l’homme n’avait pris soin de faciliter l’extension du cycas du type revoluta, il aurait couru le risque d’être éliminé à la longue comme tant d’autres plantes graduellement réduites à une aire de plus en plus limitée. Ce sera inévitablement le sort du dragonnier des Canaries, arbre célèbre, mais dont les rares pieds, réfugiés sur des sommets inaccessibles, n’ont plus qu’une existence précaire. Nous en dirons autant de certaines fougères arborescentes, perdues aux Açores et qui n’existeront plus bientôt que dans le souvenir des naturalistes.

À l’époque où se déposaient les couches du système d’Atané, on n’aurait pu prévoir assurément la dégradation future du climat arctique qui présidait alors au développement d’une végétation des plus luxuriantes. En aucun temps elle ne se montra plus riche, ni plus complète sous de plus hautes latitudes. À côté des cycas se groupaient des fougères arborescentes, cyathées et dicksoniées, pareilles à celles qui font l’ornement de nos jardins d’hiver et des villas de Cannes. Le tronc presque entier de l’une de ces fougères a été rapporté de l’île de Disco ; il appartient à Tune des dicksoniées dont on a recueilli les feuilles.

Les pins et les sapins, les ifs, les séquoias, les thuyas et les genévriers forment la masse des conifères. Les arbres feuillus entrent pour les deux tiers dans la composition de l’ensemble. C’étaient des