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LA PHILOSOPHIE
DU
SUFFRAGE UNIVERSEL

I. Bluntschli, la Politique, traduit par M. de Riedmatten. — II. Herbert Spencer, Essais de politique, traduits par M. A. Burdeau. — III. E. Schérer, la Démocratie et la France. — IV. Cherbonnier, Organisation électorale et représentative de tous les pays civilisés. — V. F.-B. Dareste, les Constitutions modernes.

Le suffrage universel est la forme inévitable de la démocratie, et la démocratie est la forme non moins inévitable des sociétés modernes. « Il est, dit M. Schérer, indigne d’un homme sérieux, quelque sentiment que la démocratie lui inspire, de se flatter qu’on en puisse venir à bout. » M. Bluntschli, ancien professeur de droit public en Allemagne[1], reconnaît également qu’un large courant démocratique se fait partout sentir et qu’il est chimérique de prétendre lui résister. La démocratie est un milieu existant, « une atmosphère ; » au lieu de vouloir vivre en dehors, il faut s’en pénétrer et chercher les meilleurs moyens de la rendre respirable.

C’est surtout en France que le suffrage universel s’est développé. C’est aussi en France qu’on en a fait la théorie et qu’on en a le plus discuté les mérites ou les défauts ; enfin, on a vu chez nous l’institution à l’œuvre : si on lui a dû des améliorations incontestables, on lui a dû aussi de grands déboires. L’exemple de l’Amérique et de la Suisse, comme celui de la France, inspire aujourd’hui de

  1. Mort il y a quelques mois.