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de contribuables ont à payer double impôt pour les écoles : ils sont taxés pour l’école officielle et ils se taxent volontairement pour l’école libre. La dépense totale excède la somme qui serait nécessaire pour assurer, dans les meilleures conditions, l’instruction des 170,000 élèves qui fréquentent les écoles primaires. Elle aboutit à un véritable gaspillage des ressources de la ville pour une entreprise politique et antireligieuse, en faveur de laquelle on n’oserait certainement pas invoquer les traditions du droit municipal ni le principe supérieur de la liberté. Pour nous en tenir à la question administrative et budgétaire, les finances de la ville devraient être, sur ce point, plus sévèrement épargnées.


IV

Le budget de la ville de Paris s’élevait, pour 1883, à 263 millions de francs en recette et à pareille somme en dépense. C’est un budget d’état. Tout s’y trouve, y compris une dette amortissable provenant d’emprunts successifs, dont le service exige le paiement annuel d’une centaine de millions. La dette forme l’article le plus important de la dépense. Le produit des droits d’octroi figure à la recette pour une somme de 143 millions. Il n’y a pas de crédit plus solide que celui de la ville de Paris ; il repose moins sur une propriété domaniale de 2 milliards que sur les ressources de l’impôt, du travail et de la fortune acquise. Il faut cependant prendre garde. Aucun crédit n’est inépuisable. De nouveaux emprunts seront nécessaires ; or l’octroi, qui est le principal gage, commence à être sérieusement attaqué, et cet impôt devient difficile à défendre. Par conséquent, sans être embarrassée quant à présent, la situation financière de la ville impose à l’administration municipale un surcroît d’économie et de sagesse en même temps que l’étude prévoyante des ressources destinées à compenser, sinon la suppression totale des octrois, du moins la réduction de celles des taxes qui pèsent le plus lourdement sur la consommation populaire. Il convient de préparer cette réforme de manière à pourvoir aux dépenses utiles en réservant le gage des futurs emprunts.

L’importance du budget de Paris ne se calcule pas seulement d’après les centaines de millions qui se perçoivent et se dépensent annuellement. L’emploi qui doit être fait d’un revenu aussi considérable donne lieu à d’incessans débats, théoriques et pratiques, et à des décisions qui intéressent au plus haut degré la condition matérielle et morale de la population parisienne, ses opinions et ses sentimens. En outre, le pays tout entier observe avec attention, parfois avec anxiété, les délibérations de l’Hôtel de Ville. Comment, en