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l’extrémité sud de la Nouvelle-Zélande, avec quelques formes particulières sans doute, est-il possible de douter que le petit archipel ait été séparé dans un temps où la nature s’offrait sous les mêmes apparences que de nos jours ? Nous ne pouvons le penser. L’évidence se manifesterait si les animaux des différentes classes avaient été recueillis de manière à rendre possibles les comparaisons. Il ne faut pas l’oublier, pour reconnaître l’étendue des rapports entre la faune de ces îles et celle de la Nouvelle-Zélande, on devra trouver au niveau de la mer, sous les plus froides latitudes, les espèces qui, dans le nord, se montrent sur des points élevés où le climat est analogue.

A l’égard de l’île Macquarie, les indices d’une union ancienne avec les terres néo-zélandaises nous paraissent saisissans ; ils ne suffisent pas, il est vrai, pour forcer les convictions. Pour l’île Campbell, qui, de l’avis d’un observateur, s’étendait autrefois beaucoup plus qu’aujourd’hui dans la direction du nord, il est sage, faute de certains renseignemens, de garder la réserve. L’absence d’oiseaux terrestres nous y oblige ; le défaut de connaissances exactes sur la faune entomologique nous y contraint. Pourtant ne doit-on pas être frappé de la richesse relative de sa flore pour une île à présent très distante des autres terres ? Cette flore présentant, selon toute probabilité, quelques plantes particulières, au milieu de la foule des espèces qui sont également répandues aux îles Auckland et à la Nouvelle-Zélande, nous ne saurions rien ajouter à ce que nous avons exposé touchant les îles Bounty et de l’Antipode. S’agit-il des Chatham, il convient au contraire, d’arrêter de nouveau l’attention. Sur des terres d’aussi faible étendue, les végétaux et les animaux sont en quantité remarquable, et malgré l’éloignement, c’est absolument la nature telle qu’on la voit au pays des Maoris ; tout juste quelques formes spéciales pour donner un caractère à la région et pour attester que la contrée n’a pas reçu du dehors sa végétation et le monde animal qu’elle possède. A tous les yeux, c’est un fragment de la Nouvelle-Zélande.

Remontant au nord, nous atteignons les archipels de Kermadec et de Norfolk. On l’a vu, il y a sur ces îles, dans la nature vivante, des rapports singuliers avec la contrée que nous venons d’étudier ; nombre de types de végétaux qu’on ne rencontre nulle part ailleurs et aussi une forme du monde animal absolument caractéristique des terres néo-zélandaises. Kermadec et Norfolk ont déjà le climat des régions tropicales. On doit s’attendre à y trouver des types qui existent surtout dans les parties chaudes du globe. La recherche de l’ensemble des êtres qui vivent sur ces îles jetterait une lumière éclatante sur les bouleversemens géologiques du temps passé. En l’état actuel, nous avons l’assurance que ces archipels s’étendaient autrefois jusqu’au voisinage de la Nouvelle-Zélande. Avec des