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LES LETTRES
DE
MADAME DE GRIGNAN

I.
De 1671 à 1677

Les vacances sont le temps des longues lectures, des lectures libres et variées, qui, sans trop éloigner de l’étude, devenue une habitude impérieuse avec l’âge, procurent cependant le repos par la diversion. Sainte-Beuve disait que, si vous voulez connaître vraiment Mme de Sévigné, il faut avoir deux mois de loisir à la campagne, lire alors ces lettres charmantes d’un bout à l’autre, sans en passer une seule, et tous les jours quelques-unes. Peu à peu vous entrez dans les sentimens de celle qui les a écrites ; vous pensez, vous aimez, vous pleurez avec elle ; toute sa société vous devient familière ; vous prenez part aux conversations, aux petites médisances, aux racontages de la cour, comme si vous en étiez ; vous ne laissez échapper aucun trait d’esprit, aucun trait de génie : c’est une amie, c’est une parente ; il semble que, de retour à Paris, vous allez la rencontrer et causer avec elle. Ceux qui ont lu Mme de Sévigné de cette manière ne se demandent plus si elle a aimé sa fille,