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objections. C’est que les observateurs ne sont pas toujours d’accord sur les causes. Or personne n’ignore que ce n’est pas aux symptômes, mais aux causes mêmes qu’il faut pouvoir s’attaquer pour mettre fin à une souffrance quelconque.

Parmi les pays où les plaintes sont le plus vives, il faut citer l’Allemagne. Les gouvernemens s’en sont émus, et, plus d’une fois, ils ont manifesté la volonté ou le désir d’intervenir. Mais on a reconnu qu’il fallait commencer par étudier la question à fond. Trois enquêtes ont donc été ouvertes simultanément. L’une a été ordonnée par le ministère de l’agriculture de Prusse[1], qui a demandé des rapports aux associations agricoles et les a fait discuter par le conseil supérieur de l’agriculture (Landes-OEconomie-Collegium). La seconde a été dirigée par le ministère de l’intérieur du grand-duché de Bade[2] et a été poursuivie, d’après un nouveau système, par des commissaires locaux choisis avec soin. L’enquête s’applique à trente-sept communes types, situées les unes sur des hauteurs arides, les autres dans des plaines fertiles, cultivant des céréales, ou la vigne, ou le houblon, s’adonnant à l’élève du bétail ou offrant d’autres particularités caractéristiques et composées de grandes, de moyennes ou de petites fermes, selon des proportions déterminées. Chacune de ces trente-sept communes a été l’objet d’un rapport très complet et très détaillé. La troisième enquête est due à la Société de politique sociale[3]. Ses membres ont recruté dans toutes les parties de l’Allemagne des hommes compétens, connaissant bien l’économie rurale d’un district ou d’un canton ; une quarantaine de personnes ont ainsi fourni leur part d’informations et la plupart ont envoyé de bons travaux. Chaque enquête a été opérée d’après un questionnaire spécial destiné à guider les recherches. Et comme c’est le bât économique et social qui parait blesser l’agriculture, les trois questionnaires, bien qu’ils différassent sensiblement entre eux, ont fait recueillir surtout des renseignemens économiques, de sorte qu’ils se complètent et se contrôlent mutuellement.

A côté des enquêtes, nous aurons à citer les travaux de quelques publicistes. C’est d’eux qu’émanent les propositions les plus hardies, comme n’étant pas astreints à la réserve ou à la prudence dont un gouvernement ne saurait se départir.

  1. Verhandlungen, etc. (Procès-verbaux du mois de février 1883). Publication officielle. Berlin, 1883, 1 vol.
  2. Erhebungen über die Lage der Landwirthschaft (Informations sur la situation de l’agriculture). Publication officielle, 4 vol. Carlsruhe, 1883.
  3. Bäuerliche Zustände in Deutschland (Situation des paysans en Allemagne). 3 vol. in-8o. Leipzig, 1883. Duncker et Humblot.