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foncière s’élève à 54 pour 100, 65 pour 100, 67 pour 100, 69 pour 100, 71 pour 100, 99 pour 100 de la valeur des immeubles, et ce sont précisément des villages où la coutume des héritiers privilégiés est en vigueur[1]. On comprend donc la vivacité des plaintes, et aussi la nature utopique de certains remèdes.


III

Les dettes ne sont qu’une des causes des souffrances de l’agriculture : elles diminuent le fonds de roulement du cultivateur, retardent les progrès de la culture, imposent des privations et produisent ce mécontentement qui enlève tout entrain au travail, mais elles ne conduisent pas nécessairement à la ruine. On peut souvent espérer les réduire, sinon les payer, à l’aide de quelques bonnes récoltes ou de quelques spéculations heureuses. Mais les charges permanentes de l’agriculture s’accroissent sans cesse et rongent le revenu de plus en plus. Celles dont on se plaint le plus fréquemment proviennent des contributions. Les taxes de l’état sont supportables, mais les impositions communales sont écrasantes. Les enquêtes sont pleines de renseignemens sur ce point, les faits sont si nombreux que nous pouvons prendre nos citations au hasard. Voici la commune d’Andorf[2] ; c’est le maire qui répond aux questions. La commune se compose de six propriétés d’une grandeur moyenne de 30 hectares et de quinze d’une moyenne de 10 hectares, en tout 333 hectares. Andorf paie à l’état : 480 marks de contributions foncières, 90 marks d’impôt sur les maisons, 168 marks d’impôt sur le revenu, ensemble : 738 marks. Mais d’autre part, les impositions communales s’élèvent à 2,160 marks ; total des impôts : 2,898 marks. Les 2,160 marks d’impositions communales de l’année 1882 se décomposent ainsi : cotisations pour l’église, 125 marks ; complément de traitement à l’instituteur, 279 marks ; routes et chemins, 315 marks ; curage de la rivière, 966 marks ; état civil et assistance publique, 475 marks. Ces chiffres sont le double et parfois le triple de ce qu’on payait il y a quinze ans dans les villages de la province du Hanovre, qui n’est même pas la plus chargée. Nous trouvons dans le Journal officiel allemand, du 28 janvier 1883, une décision du conseil municipal de Höscheid, dans la province rhénane, qui, pour couvrir le déficit de ses revenus, impose 100

  1. Enquête badoise, t. IV, p. 85.
  2. Verhandlungen. (Procès-verbaux du conseil supérieur de l’agriculture de Prusse, p. 351 et suiv.)