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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les rentes françaises ont monté de 0 fr. 20 à 0 fr. 25 pendant la seconde moitié de septembre. Il convient d’ajouter que ce résultat n’a été obtenu que dans les trois derniers jours, mais il était prévu dès le début de la quinzaine. La spéculation comptait sur le mouvement habituel de reprise qui précède les liquidations, et, cette fois encore, l’événement n’a pas trompé son attente. Les baissiers ont bien fait quelques efforts, du 15 au 25, pour peser sur les cours, en vue du dégagement de leurs anciennes positions, devenues difficilement soutenables. Ils ont successivement allégué les lenteurs de notre action navale dans l’extrême Orient, le parti-pris des autorités chinoises de se refuser à toutes nouvelles négociations, la tension de plus en plus accusée de nos relations avec l’Angleterre, le coup d’état financier du gouvernement égyptien, etc. Ils ont encore invoqué des motifs, sinon plus sérieux, du moins se rattachant plus directement à la situation de la place, un ralentissement très sensible dans les achats de rentes au comptant et de nombreuses réalisations à terme résultant d’un commencement de lassitude ou, pour mieux dire, de satiété chez quelques-uns des gros banquiers et spéculateurs qui ont pris part depuis trois mois au festin de la hausse.

En dépit de toutes ces considérations, dont quelques-unes pouvaient, à bon droit, justifier l’opinion des baissiers que la campagne de hausse était fatalement arrivée à son terme, les vendeurs n’ont pu réussir à ramener le 4 1/2 au-dessous de 108.60. Tout ce qu’ils ont pu faire a été d’empêcher deux fois ce fonds de s’établir solidement à 109 francs. Au dernier moment, les acheteurs, dont aucun de ces incidens quotidiens de bourse n’avait ébranlé la conviction et qui attendaient patiemment leur heure, sont intervenus avec l’énergie qu’on leur a vu déployer à la veille de chacune des dernières liquidations, et les baissiers en ont été pour leurs argumens, bons ou mauvais. Le 4 1/2 finit à 109.15.

L’évolution a été facilitée par quelques dépêches annonçant que l’impératrice de Chine était résolue à conclure la paix et, d’un autre côté, que l’amiral Courbet avait complètement achevé ses préparatifs pour l’occupation de Kelung.