Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 65.djvu/938

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’argent, le mercure, le cuivre, le plomb, le chrome, le manganèse, l’antimoine et les minerais de fer ont de nombreux gisemens ; c’est comme une réserve de la fortune publique de la colonie.

Le pays a eu promptement un rare bonheur ; il a eu tout de suite des hommes qui cultivent les sciences avec distinction, et qui ont exploré la région pour le plus grand profit d’une société nouvelle et pour l’intérêt de ceux qui s’occupent de la connaissance générale du globe. Des compagnies savantes s’étaient établies en différentes villes de la Nouvelle-Zélande. On eut l’heureuse idée de les rattacher à un centre où viendraient se produire les résultats de toutes les études poursuivies sur les deux îles. L’institut de la Nouvelle-Zélande fut fondé à Auckland. Le 4 octobre 1868, le gouverneur George Bordon, comme président, inaugurait par un beau discours les travaux de la compagnie. Dix-sept années s’étaient écoulées depuis l’établissement de la première société scientifique installée à Auckland en 1851, sous le patronage de sir George Grey. On se proposait d’avoir des musées et des bibliothèques publiques et de répandre par tous les moyens possibles l’instruction relative aux questions d’art, de science et de littérature. Ce fut l’occasion de célébrer les avantages déjà obtenus, l’essor nouveau, les tendances de l’époque actuelle à chercher dans les sciences physiques et naturelles le trésor qui doit être le plus bel héritage des futures générations. Lorsque la capitale fut transférée à Wellington, c’est dans cette ville que vint siéger le corps savant qui se compose de membres dispersés dans les différentes provinces de la colonie. Depuis sa fondation, l’institut de la Nouvelle-Zélande a publié tous les ans un gros volume rempli de mémoires et de communications du plus réel intérêt sur les anciens habitans du pays, sur les végétaux et les animaux, sur la géologie et la minéralogie et sur des questions économiques. C’est un recueil précieux pour l’histoire générale d’une région du monde, d’ordre bien secondaire par son étendue et d’une importance presque exceptionnelle par sa situation géographique, par une nature toute spéciale, par les avantages qu’elle peut fournir à une nombreuse population. On a vu le déclin, l’oppression, presque l’anéantissement d’une race d’hommes : on voit maintenant sur le même sol dominer des hommes d’une autre race qui, pour eux, parlent de liberté, préparant un long avenir à leur descendance.


EMILE BLANCHARD.