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de Coffee-Calcalli, qui gouvernait le pays lors de l’expédition anglaise. Trois cents victimes, choisies parmi ses femmes, furent immolées sur sa sépulture.

Les mêmes faits se passaient à l’extrême sud, et la conquête anglaise a seule pu y mettre un terme; les voyageurs qui ont exploré la Cafrerie parlent de cavernes remplies d’ossemens humains, La voûte d’une de ces grottes, située dans les montagnes de Theba-Bosigo, est noircie par la fumée des feux qui y ont été allumés ; le sol disparaît sous les ossemens accumulés. Les crânes, les os à moelle sont brisés comme les os du renne dans les cavernes du Périgord, comme ceux de l’alligator sous les kjökkenmöddings de l’Amérique, et les vieillards racontent encore aujourd’hui avec satisfaction les excellens repas qu’ils faisaient dans le bon vieux temps. Dans ce bon vieux temps, les lions étaient dangereux; ils commettaient d’immenses dégâts; pour les détruire, on creusait de grandes fosses, et comme les félins se montraient particulièrement friands de chair humaine, on déposait au fond de ces fosses de jeunes enfans, dont les cris de désespoir devaient les attirer. Une vieille femme, en racontant ces détails, ajoutait avec calme que, dans son enfance, on avait ainsi disposé d’elle, mais qu’heureusement le lion, inquiet, après avoir erré une partie de la nuit autour de la fosse, avait disparu au soleil levant sans oser s’y aventurer. C’est ainsi qu’elle avait échappé à la mort.

La déesse Berra, la principale divinité des Kounds de l’Inde, ne recevait que des sacrifices humains. Il a fallu toute l’énergie du gouvernement anglais pour mettre un terme à ces sacrifices et aux festins qui les suivaient. Souvent la victime était désignée longtemps à l’avance, et jusqu’au moment de sa mort, elle était entourée des respects de tous. Si le meria (c’est le titre que portait le malheureux) était marié, ses enfans devaient l’accompagner au supplice et mourir avec lui. De semblables immolations n’étaient pas rares dans l’Hindoustan. La tradition veut qu’en élevant les murailles, on murait dans la maçonnerie une jeune fille; c’était un moyen infaillible d’assurer l’inviolabilité de la forteresse. Il y a vingt-cinq ans, quand une ville nouvelle, Mandalay, fut déclarée la capitale du Burmah, en remplacement d’Amarapoura, déshonorée par la présence des kalas (les étrangers) et par le traité désastreux qui avait enlevé au Burmah le Pegou, sa dernière province maritime, cinquante-deux personnes d’âge et de sexe différens furent enterrées vivantes aux différentes portes de la ville : on prétendait rendre ainsi les nat-zos ou démons favorables.

Lorsqu’un des chefs des Dayaks de Bornéo est résolu à partir pour la chasse des têtes, toute la tribu se réunit sur son invitation.