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visibles d’apaisement dans les partis. L’opposition n’a point évidemment déployé toutes ses forces dans la discussion qui s’est récemment rouverte à la chambre des communes, elle n’a pas engagé, au moins dans ce premier débat, la lutte décisive. Un ancien membre du cabinet de lord Beaconsfield, sir Richard Cross a même laissé entendre qu’une transaction n’était pas impossible, qu’on ne demandait plus au gouvernement la présentation simultanée du bill sur l’extension du suffrage et de la loi sur les circonscriptions électorales. Et, à leur tour, les divers membres du cabinet, sir Charles Dilke, lord Hartington, M. Gladstone lui-même, ont répondu à ces avances par les paroles les plus conciliantes. Les dispositions seraient donc plus favorables. Elles l’étaient au moins il y a peu de jours encore; ne sont-elles pas déjà changées, et le conflit ne reprendra-t-il pas toute sa vivacité, toute sa gravité le jour où le débat se rouvrira dans la chambre des pairs? Il se peut sans doute que lord Salisbury veuille livrer une dernière bataille; mais, d’abord, on ne sait si lord Salisbury sera suivi jusqu’au bout, et de plus, il est bien certain que, dans tous les cas, M. Gladstone épuisera tout ce qu’il a de forces, d’ascendant et d’éloquence pour atténuer un conflit qui menace si gravement les institutions britanniques.

S’il est un pays où tout soit livré à l’élection et où les passions les plus âpres, les plus violentes se déploient dans toutes les scènes de la vie politique, c’est cette république américaine qui ne cesse de grandir en population, en industrie et en richesse. Voici encore une élection qui vient d’agiter les États-Unis, et celle-ci avait une assez sérieuse importance puisqu’il s’agissait de savoir qui remplacerait M. Arthur Chester comme président de l’Union, si les républicains garderaient le pouvoir qu’ils ont depuis vingt-cinq ans ou si les démocrates, qui sont restés jusqu’ici les grands vaincus de la guerre de la sécession, rentreraient enfin à la Maison-Blanche. Des candidats, il y en a eu de toute sorte, connus et inconnus; il y a eu même une femme qui aspirait à aller représenter l’émancipation de son sexe à la maison présidentielle de Washington; mais la vraie lutte, la lutte sérieuse est restée circonscrite entre les candidats des deux grands partis qui divisent toujours l’Amérique, les républicains et les démocrates. Depuis six mois, depuis que les deux candidats, — M. Blaine, choisi par les républicains, M. Cleveland, choisi par les démocrates, — ont été désignés et adoptés à Chicago, c’est une guerre incessante de polémiques, de discours, de démonstrations contraires, de pamphlets outrageans. Rien n’a été épargné, ni les paroles, ni surtout l’argent, et comme la spéculation se mêle à tout aux Étais Unis, jusqu’au dernier moment des paris fabuleux ont été engagés. Aujourd’hui, le résultat est acquis, les délégués choisis dans les états, au nombre d’un peu plus de quatre cents, sont connus. La majorité est dès ce moment à