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Ces terrains tertiaires sont en général fertiles et se prêtent à toutes les cultures ; ceux d’entre eux qui renferment une centaine proportion de sable sont friables et se délitent facilement ; ils sont entraînés par les pluies, qui les ravinent et produisent des éboule-mens assez fréquens pour que plusieurs sections des lignes de chemins de fer aient dû être abandonnées et reportées sur des points offrant plus de stabilité. C’est dans les terrains de l’étage miocène que se rencontrent les roches asphaltiques, les dépôts de sel gemme, de gypse et de soufre, qui donnent lieu à d’importantes exploitations dont nous aurons plus loin l’occasion de parler.

Les terrains quaternaires, qui ont été soulevés jusqu’à 415 mètres à Salanca Piana, sont constitués par des graviers et des sables peu cimentés dans la région du nord-est, et par des dépôts de calcaire grossier dans la concavité du golfe de Palerme, de Castellamare et sur la côte occidentale de l’île. Ces derniers sont très favorables à la culture des oliviers, des arbres fruitiers et de la vigne, qui s’y étend de plus en plus.

Les terrains provenant des alluvions fluviales ou marines sont des plus fertiles, mais l’étendue n’en est pas considérable ; ils forment les plaines de Catane, de Terranova et de Licata.

Le massif de l’Etna, dont deux illustres géologues français, Dolomieu, au siècle dernier, et Élie de Beaumont, au début de celui-ci, ont les premiers fait connaître la constitution au monde savant, s’élève sur la côte orientale, complètement isolé au milieu de l’ancien golfe qui couvrait la plaine de Catane ; c’est la formation la plus récente de la Sicile, puisque chaque jour encore il étend de nouvelles couches de laves et de cendres sur les couches déjà formées ; mais il n’est ni le seul ni le plus ancien volcan de l’île. Sa grande figure, dont la cime neigeuse contraste avec sa base verdoyante, reste éternellement dans les yeux qui ont pu la contempler. Elle s’élève à une si grande hauteur et domine tellement les montagnes qui l’entourent qu’elle semble former la Sicile à elle seule, tout le reste lui servant de base.

La Sicile est riche en eaux minérales et thermales dont les plus importantes sont celles de Castroreale, de Termini, de Calatafimi, de Sciacea, d’Aci-reale, etc., sans compter toutes les sources chargées d’acide sulfhydrique, qui sourdent de toutes parts dans la région soufrière, et dont on pourra quelque jour tirer parti.

Ce coup d’œil rapide jeté sur la géologie de la Sicile nous permet de dire un mot des exploitations diverses auxquelles la nature des terrains a donné lieu jusqu’ici.

L’une de ces exploitations est celle de l’asphalte. D’après l’opinion de M. Coquand, qui a publié, en 1868, dans le Bulletin de la Société géologique, une note sur ce sujet, l’asphalte serait du