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LE
POETE FRANC-MACON
DEVANT LE SAINT-OFFICE AU XVIIIe SIECLE

Un jeune professeur de Florence, M. Ferdinando Sbigoli, vient de publier un intéressant volume sur le procès d’un poète franc-maçon à Florence en plein XVIIIe siècle[1]. C’est une page jusqu’à ce jour très imparfaitement connue, même en Italie, de l’histoire générale, de l’histoire politique et religieuse du siècle qui a vu supprimer les jésuites par la papauté. Cette page méritait d’être mise en lumière, d’être illustrée, comme on dit chez nos voisins. Je voudrais, en la résumant, faire partager aux lecteurs de la Revue le plaisir qu’elle m’a fait.


I

Après avoir perdu, sous les piques et les arquebuses des soldats de Charles-Quint, sa précaire liberté et son indépendance séculaire, Florence avait senti sa chute irrémissible. Elle s’était pliée à une résignation qui transformait ses mœurs, déjà bien altérées par l’habitude de confier à des mercenaires le soin de la défendre, puis par la grande commotion et la haute culture de la Renaissance. Sa vieille rudesse du moyen âge s’en était allée où vont les neiges d’antan : les Florentins, les Toscans des Médicis, de la maison de

  1. Tommaso Crudeli » i primi Framassoni in Firenze, narrazione storica, corredata di documenti inediti, par Ferdinando Sbigoli, 1 vol. in-18, 297 pages de texte et 62 de documens. Milan, 1884.