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Mais la commission, quoiqu’un peu honteuse de ce premier succès dans la voie des économies, s’en est assuré un second par la révision des évaluations des dépenses obligatoires. Elle a examiné dans le détail les pensions inscrites ; elle a cru pouvoir serrer la vérité de plus près que l’administration ; elle a fait de nouveaux calculs sur des données plus récentes, car elle a commencé son travail en avril 1884, tandis que l’administration avait commencé le sien en novembre 1883. Le sénat qui aura à discuter les crédits afférens à ces mêmes services, au mois de février 1885, pourra rectifier à son tour les chiffres de la commission, et si on retardait le vote du budget jusqu’à la clôture de l’exercice, nul doute qu’on n’eût à faire de nouveaux changemens dans la fixation du montant des crédits.

On a donc diminué 81,500 francs sur les trois chapitres XXIV, XXIX et XXXII dans la section des dépenses de la dette viagère. La commission, en comparant les paiement effectués l’an dernier aux crédits demandés cette année, et en faisant le relevé des inscriptions, a jugé qu’il y aurait 40,000 francs de moins à payer aux victimes du 2 décembre, 26,500 francs de moins aux magistrats réformés, et 15,000 francs de moins aux dotataires du Mont-de-Milan dont la France paie les pensions. Une autre commission, si elle avait devant elle comme celle-ci deux cent trente jours à consacrer à son travail, pourrait sans doute trouver à faire 2,000 ou 3,000 francs d’économies supplémentaires. Avec de bons actuaires, on pourrait établir avec exactitude les chances de mort ou de vie des pensionnaires dont il s’agit. Les calculs de cette nature ne changent pas le fond des choses ; tout le monde sait que ce ne sont pas les recherches de la commission, mais bien les faits qui établiront la dépense.

Il en est de même des crédits de la quatrième partie de ce même budget, qui est intitulé : « Remboursemens, restitutions, non-valeurs et primes. » La commission a cru réaliser sur les crédits qui y sont contenus une économie de 700,000 francs. Ce sont encore les faits qui prononceront, car il y aura beaucoup de remboursemens s’il y a beaucoup de perceptions irrégulières, et il n’y en aura pas s’il n’y a pas de paiemens indus à rendre au public. Il n’y a pas d’économie quand on n’agit pas sur les causes de la dépense ; dans le cas qui nous occupe, la commission n’a pas agi et n’a pas pu agir sur les causes. Une diminution dans l’état des prévisions n’a pas d’autres conséquences que d’empêcher de retrouver à la fin de l’année des excédens sans emploi. Mais la commission s’est décidée à courir le risque de s’être trompée, parce que son erreur, si elle a fait erreur, n’aura d’autre sanction qu’une demande de crédits