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supplémentaires. Cette demande n’aura, suivant elle, aucun inconvénient pour les affaires, puisqu’on ne pourra pas la refuser les choses étant accomplies.

Après avoir retranché 1,300,000 francs des économies dont le total s’élève à 4 millions, il reste encore à l’actif de M. Sarrien une réduction de 2,700,000 francs, dont on pourrait du moins s’applaudir. Ce n’est malheureusement pas possible pour deux raisons : la première, c’est qu’il y a dans ce total une diminution de 464,000 francs, dont l’effet, loin d’améliorer la situation du budget, sera probablement de l’empirer. On a traité les dépenses des manufactures de l’état comme si elles n’étaient pas productives et on a risqué de compromettre les résultats de l’industrie par une économie malentendue. Tout le monde s’applaudit de l’augmentation constante du produit de la vente des tabacs ; mais, c’est une augmentation qu’il faut étudier de très près. Le goût du public est en train de changer et on ne consomme plus le tabac sous la même forme qu’autrefois. Les cigares à bon marché, les cigarettes sont d’une consommation qui augmente et il faut se préparer à en fournir des quantités de plus en plus considérables, tandis que la consommation s’affaiblit sur d’autres articles. Il est urgent de s’outiller et de chercher à contenter la clientèle. Il ne faudrait pas s’endormir sur l’augmentation des ventes, car, chose singulière, s’il y a une augmentation dans le total, il y a néanmoins une diminution assez sensible dans le département de la Seine. Les habitudes sont évidemment en train de se modifier et il faudra être prêt à leur donner de nouvelles satisfactions. La seconde raison de ne pas s’applaudir des prétendues économies qu’on a faites, c’est qu’elles sont dues à l’application du principe de l’escompte des annulations. Si on retranche des A millions réduits par M. Sarrien, sur les crédits primitifs, tout ce qui constitue une série d’opérations comptables sans influence sur les faits, ainsi que la fausse économie de 500,000 fr. sur les dépenses des manufactures de tabac, il ne reste plus que 2 millions, mais ces 2 millions, on a été obligé, pour les faire disparaître, de les emprunter en grande partie aux annulations de crédit.

La méthode de l’escompte des annulations est une véritable trouvaille ; c’est un champ qui n’est pas encore épuisé, et qui recèle évidemment beaucoup de surprises agréables aux rapporteurs de l’avenir. Tous les ans, à l’époque du règlement des exercices, ou plutôt un peu auparavant, quand il est possible de se rendre compte de la situation des ordonnancemens imputés sur l’exercice, on constate un disponible considérable sur les crédits ouverts par les lois de finances. La clôture de l’exercice étant prononcée, on ne peut utiliser ces disponibilités, car les ordonnancemens qui