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de compensation. S’ils ne sont pas d’accord, chacun d’eux nomme un expert et, dans le cas où ces deux experts ne le sont pas, le tribunal du comté leur adjoint un surarbitre.

Mais il ne suffit pas d’avoir des fermiers pourvus de capital et intéressés à l’employer en améliorations, il faut que ces fermiers sachent l’employer conformément aux principes scientifiques qui doivent aujourd’hui diriger la pratique. De là, les rapporteurs de l’enquête concluent au développement de l’instruction agricole.

Puis vient la diminution des fermages. Pour que le cultivateur anglais puisse lutter avec plus de chances de succès contre la concurrence américaine, il faut qu’il ne paie pas trop cher son principal instrument de production : la terre.

Enfin on demande la diminution des taxes qui pèsent sur la propriété foncière et qui équivalent à 16 pour 100 du revenu, tandis que les valeurs mobilières ne paient que la moitié. Ces taxes sont de diverses natures : taxe des pauvres, taxe de police, taxe des prisons, taxe des routes, taxe du comté, etc. On ne dit point par quelle voie on pourrait arriver à ce dégrèvement.

Quant à des droits d’entrée sur les produits étrangers, sir W. Barthelot a exprimé, dans la séance du 31 octobre 1884 de la chambre des communes, le vœu qu’une taxe financière modérée fût prélevée sur les blés étrangers. Mais il est à peu près seul de cet avis. « Notre voisinage des meilleurs marchés du monde, lui répond sir James Caird, est une protection naturelle qui équivaut au loyer de nos terres à blé. Le transport du blé américain coûte au moins 3 fr. 50 par hectolitre, depuis son lieu de production jusqu’à nos ports. C’est une protection de 80 francs par hectare. » Et la plupart des Anglais partagent l’opinion du célèbre économiste ; ce qui ne les empêcha pas de demander et d’obtenir une loi de police sanitaire qui, en réalité, est une véritable loi de protection et même de prohibition, car dès que quelques cas de maladie contagieuse sont constatés ou seulement soupçonnés dans le bétail de provenance étrangère, son entrée est absolument défendue pour un temps plus ou moins long.

L’Angleterre a, par sa position insulaire, ses mines de houille et le génie spécial de ses habitans, de tels avantages pour ses usines et ses manufactures qu’elle considère l’échange de ses produits industriels contre le blé américain, comme le meilleur moyen d’avoir du pain à bon marché. Elle importe la majeure partie du blé qu’elle consomme et, autour de ses immenses cités noires de fumée, les campagnes se couvrent de beaux parcs, de riches herbages, de nombreux troupeaux, mais sa population agricole diminue de plus en plus. Au commencement de ce siècle, les Écossais des montagnes ont abandonné leurs cottages pour émigrer au