Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 67.djvu/604

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE ROMAN
DE
LA FEMME-MEDECIN

A Country Doctor, by Sarah Orne Jewett, 1 vol., 1884. Boston.


I

S’il est vrai que le roman soit le reflet des mœurs et que toutes les révolutions qui se produisent dans notre manière de penser et de vivre y trouvent un écho, s’il est vrai que les périodes de secousses violentes, de transformations profondes, aient donné à la littérature d’imagination un élan vigoureux et renouvelé les sources où elle s’inspire, nous aurons dans les dernières années de ce siècle des romans d’une saveur imprévue.

La loi sur le divorce, en diminuant le nombre des victimes condamnées sans rémission, en retirant au mariage son caractère définitif, à l’adultère ses excuses et à la séparation la part de périls et de tristesses qu’elle comportait toujours, va suggérer des dénoûmens trop faciles peut-être. D’autre part, l’ambition de fraîche date qui pousse les femmes vers des études et des emplois réservés naguère aux hommes justifie chaque jour davantage ce mot de M. Alexandre Dumas fils : « La femme commence à ne plus faire du mariage son seul but et de l’amour son seul idéal. »

Le but, c’est pour plus d’une Française déjà le diplôme de bachelier ès-lettres ou ès-sciences ; nous comptons même des licenciées ; on voit le nombre des institutrices tentées par le titre de professeur dans quelqu’un des lycées ou collèges féminins qui se multiplient