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l’alimentation, inhérentes à la variabilité des conditions de bien-être des nourriciers, n’agissent pas d’une façon appréciable sur les aliénés ; le grand air, l’exercice, compensent ces inégalités ; d’ailleurs, la santé des campagnards n’est-elle pas toujours meilleure et plus robuste que celle des citadins, qui pourtant se nourrissent en apparence mieux et plus abondamment ?

Les chambres des aliénés doivent avoir, aux termes du règlement, une superficie d’au moins 6 mètres carrée et une hauteur de 2m, 50 ; elles doivent être élevées au-dessus du niveau du sol et munies de fenêtres mobiles ayant au moins 1 mètre sur 0m, 75 de largeur, avec châssis en fer, si besoin en est. Le plancher doit être en bois ou en carreaux ; les murs et le plafond doivent être blanchis à la chaux deux fois l’an, plus souvent encore si c’est nécessaire. Au cas où plusieurs aliénés seraient admis à partager une même chambre, ce qui n’a lieu qu’en vertu d’une autorisation spéciale du comité permanent, chacun d’eux doit avoir 12 mètres cubes d’espacé. Ce règlement s’applique, — chose très sage, — aussi bien aux habitans de Gheel qu’aux aliénés, et a pour but sans doute d’empêcher que, par spéculation, une famille de nourriciers s’entasse tout entière dans une ou deux petites chambres pour augmenter le nombre de celles qu’elle peut mettre à la disposition de l’administration.

Les logemens, à Gheel, sont encore très simples, mais les lois de l’hygiène y sont en général suffisamment observées. Du reste, avec le temps, des progrès sensibles se réaliseront dans cet ordre d’idées. Les chambres qu’ont aujourd’hui les aliénés diffèrent déjà beaucoup, paraît-il, de celles qu’ils avaient il y a trente ou quarante ans : la lumière et l’air y pénètrent plus abondamment, et la propreté en est généralement satisfaisante. Chaque lit de malade réunit les élémens prescrits par l’autorité : paillasse, matelas, traversin, draps, couverture. Si l’aliéné est malpropre, on est tenu de lui procurer un lit spécial.

Ce qui précède s’applique aux malades indigens, c’est-à-dire à ceux qui sont placés à Gheel par l’intermédiaire d’un établissement de bienfaisance ou autrement, mais pour lesquels on désire payer le minimum comme prix de pension. Il en est autrement pour les malades plus ou moins fortunés pouvant payer des prix plus élevés et désirant un logement et un genre de vie plus conformes à leurs habitudes.

Dans ce cas, le choix de l’hôte est libre. Les tuteurs ou la famille du malade visitent les différens hôtes et choisissent celui qui leur convient le mieux. La famille fait pour son malade ce que bon lui semble : il importe seulement qu’elle informe l’administration des conventions intervenues entre elle et l’hôte pour que le comité de