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Si l’on compare les critiques formulées durant la discussion qui eut lieu en 1878, à la chambre et au sénat, lors de l’étude des modifications à apporter au règlement de 1851, à celles qui furent formulées par les mêmes assemblées en 1850, on voit qu’un progrès énorme a été réalisé.

En 1850, le grand pointa obtenir était la création de l’infirmerie. Proposée par la section chargée d’étudier la question, et dont le rapporteur était M. de Hoorebeke, appuyée par M. Thiefry, qui n’hésita pas à déclarer que l’absence d’infirmerie à Gheel était « une honte pour le pays, » la création de cette annexe ne tarda pas à être décidée. Il est vrai que l’exécution s’en fit assez longtemps attendre. Le ministre de la justice, à l’occasion de ce débat, déclara que s’il y avait beaucoup à faire pour organiser le service médical d’une façon convenable, c’est-à-dire pour bien classer les aliénés, ne pas mélanger chez un même nourricier des catégories diverses, enfin bien surveiller la marche de leur maladie, il n’y avait pas moins à faire dans le service administratif, où « d’importantes réformes étaient à opérer, de grands abus à extirper. » Cela revenait à dire : Il faut que le gouvernement s’en mêle, et qu’il prenne une part dans l’administration de Gheel, jusqu’ici établissement communal, presque établissement privé. M. Coomans combattit bien un peu l’immixtion du gouvernement, mais il était difficile d’engager celui-ci à donner des subsides à Gheel sans le laisser prendre quelque autorité sur l’administration de la colonie.

D’autres critiques furent formulées par M. de Perceval, qui déclara tenir, de source qu’il croyait autorisée, l’assurance que la politique jouait un rôle dans le placement des aliénés. Les nourriciers auraient été menacés de perdre leurs aliénés s’ils avaient voulu par leur vote menacer les abus qui existent à Gheel. A quoi M. Thiefry répondit qu’il avait vu les aliénés fort bien traités à Gheel, ce qui est l’essentiel.

Dans la discussion de 1872, on ne voit guère décerner à Gheel que des éloges. Il y a bien quelques critiques, mais peu importantes. Ainsi M. Coomans regrette que le traitement religieux de la folie n’existe plus à Gheel ; il voudrait encore que le gouvernement accordât une petite somme à chaque commune ayant un aliéné indigent à Gheel, dans le dessein de développer Gheel et d’alléger le fardeau des communes. De son côté, le sénat admet la nécessité de donner prochainement une extension plus grande à l’infirmerie ; il est même très vaguement question d’édifier un asile fermé dans la commune de Gheel. Mais ce sont là des critiques peu sévères ; il n’y a que les bonnes institutions que l’on songe à améliorer encore ; les mauvaises veulent être réformées d’une façon radicale. A côté de