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LA FIN
D’UNE
GRANDE MARINE

II.[1]
LA SUPPRESSION DU CORPS DES GALÈRES.


I

L’année 1571, année que devait rendre à jamais mémorable la victoire décisive remportée par la chrétienté sur l’islamisme, marque une date importante dans l’histoire de l’art naval : elle est pour ainsi dire le point de partage de deux marines, — de la marine triomphante qui sent déjà venir sa déchéance et de la marine jusque-là plus modeste qui se croira bientôt de force à supporter seule le poids des batailles. Pour la dernière fois, en effet, les flottes du moyen âge ont combattu en corps dans le golfe de Lépante. Devant les vaisseaux ronds tout chargés d’artillerie, la chiourme intimidée se retire de l’arène ; si, par hasard, on l’y voit reparaître, ce n’est plus qu’à la dérobée et uniquement à titre d’auxiliaire. Cette transformation de l’instrument naval coïncide avec la prépondérance croissante des marines du Nord et tend singulièrement à la

  1. Voyez, dans la Revue du 1er novembre 1884, les Chiourmes enchaînées.