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et du prince Napoléon. Le Canada, si longtemps oublié, sort de son isolement et recommence à attirer l’attention de la France en envoyant à l’Exposition universelle de 1855 des échantillons de ses produits. En 1856, M. de Belvèze, commandant la frégate française la Capricieuse, vient stationner dans les eaux canadiennes : « La présence des Français, écrit M. Turcotte[1], fut un véritable événement. Les Canadiens, sans distinction d’origine, accueillirent et fêtèrent, surtout dans les principales villes, avec le plus grand enthousiasme, le premier navire de guerre français venu depuis la conquête ; ils saisirent cette occasion de témoigner à la France leurs profondes sympathies. Ce n’étaient pas des étrangers qu’ils recevaient, mais des frères, des alliés ; c’étaient les fils d’une des nations les plus puissantes du globe. » La mission de M. de Belvèze eut pour résultat l’établissement d’un consulat général de France au Canada et une diminution des tarifs qui permit aux deux pays d’entrer en relations commerciales ; jusqu’alors, la France n’achetait rien au Canada et le peu qu’elle lui fournissait arrivait par intermédiaire. C’est en présence de nos marins qu’eut lieu la pose solennelle d’un monument commémoratif de la deuxième bataille d’Abraham : longtemps auparavant la ville de Québec avait érigé un obélisque aux deux héros des plaines d’Abraham, Wolf et Montcalm, avec cette inscription : Mortem virtus communem, famam historia, monumentum posteritas dedit. Du haut de cette pierre, réunis par la mort, par la gloire, les deux rivaux semblaient prêcher à leurs compatriotes l’oubli du passé et la réconciliation. De son côté, la ville de Montréal éleva un monument à la mémoire des victimes de l’insurrection de 1837 : après la réhabilitation par l’amnistie et l’indemnité, venait la glorification des

  1. Le Canada sous l’Union (1841-1867), 3 vol. in-12, par M. Louis Turcotte. On consultera aussi avec fruit : le très Intéressant ouvrage de M. de Lamothe, Cinq Mois chez les Français d’Amérique, 1 vol. ; Hachette. — Histoire du Canada et des Canadiens-Français, par M. Eugène Réveillaud, 1 vol. in-8o, 1884. — Montigny, Histoire du droit canadien, Catéchisme politique. — Lorangor, Commentaire du code civil. — Lefaivre, la France canadienne. — Claudio Jannet, la Race française dans l’Amérique du Nord. — Charles de Boonechose, la France en Amérique. — Chauveau, l’Instruction publique au Canada, 1 vol. 1876. — L.-O. David, les Patriotes de 1837-1838. — Paul de Cazes, Petites Notes sur le Canada. — Trudel, Nos Chambres hautes. — De Molinari, l’Irlande, le Canada, Jersey. — Les Guêpes canadiennes, compilées et annotées, par Auguste Laperrière. — Les Conférences de M. Hector Fabre, représentant du Canada à Paris, devant la Société de géographie commerciale de Paris. — Les États-Unis et la Doctrine de Monroë, par M. de Varigny (Revue des Deux Mondes, avril 1879). — Rameau, Acadiens et Canadiens. — S. Pagnuelo, Études historiques et légales sur la liberté religieuse au Canada — Parallèle entre lord Beaconsfield et sir John Macdonald, par Joseph Tassé, député d’Ottawa. — Todd, Histoire du droit constitutionnel.