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POETES ET HUMORISTES
DE
L'ALLEMAGNE

M. GOTTFRIED KELLER

I. Der Grüne Heinrich, 3e édit., 1884. — II. Die Leute van Seldwyla, 4e édit., 1883. III. Sieben Legenden, 3e édit., 1884.

Un critique allemand, homme d’esprit, auquel nous demandions quels livres nouveaux il se plaisait à lire, nous répondait : « Le traité de la Consolation du sénateur Boèce, » et il nous confiait qu’ayant ouvert tel chef-d’œuvre à la mode, il n’avait pu dépasser les vingt premières pages : « Ce sont des livres tellement ennuyeux, ajoutait-il, que l’on s’endort en les lisant ; mais on rêve que l’on continue la lecture, et l’ennui vous réveille en sursaut. » Ce n’est pourtant point la variété des genres qui manque en Allemagne. On y cultive avec succès le roman égyptien, romain, germain, le roman philosophique, patriotique, idéaliste. Mais où trouver le roman de caractère et le roman de mœurs ? L’Allemagne attend encore un Balzac ou un George Eliot. M. Freytag, qui, dans sa première œuvre, Doit et Avoir, semblait ouvrir et tenter cette veine, s’en est depuis détourné pour brosser de grands décors patriotiques, un panorama national, qu’il a intitulé les Ancêtres. Le mérite de M. Gottfried Keller, c’est qu’il est étranger dans ses romans à toute