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sur un volume égal pour servir à la création de 40,000 hectares de prairies ou cultures maraîchères qu’il y aurait certainement avantage à établir dans la région ; ajoutant 20 mètres cubes pour déperditions diverses dans les canaux qui n’amèneront jamais au lieu d’emploi plus des 4/5 de leur eau initiale, nous arrivons à un cube de 100 mètres à la seconde pour le débit total que devraient avoir nos dérivations à leur origine.

Telles sont les véritables bases sur lesquelles devrait être calculée la portée du canal de la rive droite du Rhône, et non sur les besoins timidement accusés par les propriétaires des 20,000 à 30,000 hectares de souscriptions péniblement recueillies jusqu’à ce jour. Or non-seulement le Rhône, qui a un débit de plus de 400 mètres cubes à l’étiage, en aval de l’Isère, est en mesure de nous fournir ce volume et plus s’il était nécessaire ; mais, tout en amenant ces eaux à la hauteur voulue pour desservir directement la majeure partie du périmètre par leur pente naturelle, il peut aussi nous donner la force motrice nécessaire pour relever le niveau du restant à une hauteur suffisante pour atteindre les points les plus élevés de la région viticole du littoral, qui dépassent rarement 100 à 150 mètres. Autant, en effet, il répugnerait à l’esprit de sacrifier, comme on l’a proposé, le produit annuel d’un grand bassin houiller pour relever de quelques mètres un volume d’eau insuffisant puisé dans le Bas-Rhône, autant il paraîtrait naturel d’utiliser pour un tel usage, et sur la plus large échelle, une partie de cette puissance mécanique que le courant du fleuve peut nous fournir en quantité presque aussi inépuisable que l’est le volume de ses eaux.


II

Dans l’ancien état des choses, quand notre pays n’était sillonné que de chemins muletiers ou de routes à peine carrossables, nos rivières à peu près navigables jouaient un rôle important dans nos moyens de communication. Strabon citait déjà la Gaule comme la contrée du monde la plus favorisée par la répartition de ces voies naturelles d’échange et d’approvisionnement, et, de nos jours encore, dans les pays restés en dehors des progrès de notre civilisation, c’est en remontant les voies navigables que l’on cherche à pénétrer au centre des continens inexplorés.

Les applications de la vapeur, qui devait apporter tant de changemens dans nos habitudes industrielles, ont été dans l’origine favorables à l’extension de la navigation fluviale. L’invention de Fulton a, sous ce rapport, rendu longtemps de réels services et, pendant