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Lorsque la température était égale et le climat à peu près le même partout, les régions et les expositions étaient loin d’entraîner autant de différences. Il y avait moins de particularités locales et par suite moins de causes de diversités. C’est ce que démontre effectivement l’étude des végétaux fossiles. À partir des temps les plus anciens, on ne s’achemine vers la variété que lentement et par degrés. Nous avons insisté plus haut sur l’extrême uniformité de la végétation du temps des houilles ; cette uniformité est déjà moins sensible lors des temps secondaires. L’humidité n’étant plus alors générale, on distingue, en comparant entre eux les gisemens de cette époque, explorés en Europe jusqu’à présent, deux catégories de plantes, pour mieux dire, deux associations qui ne révèlent pas les mêmes aptitudes, et qui, sans doute, devaient s’exclure mutuellement ou du moins habiter de préférence des lieux différens et ne pas se trouver réunies sur un seul et même point.

À l’âge jurassique, la végétation, relativement pauvre, ne comprenait qu’un nombre d’espèces assez restreint. Il a été facile de constater que certaines d’entre elles se rencontraient toujours associées, sans se mêler à d’autres qui, de leur côté, se tenaient groupées à part des premières. Cette donnée a mis sur la voie d’une nouvelle observation en faisant voir que les lits respectifs d’où provenait l’une ou l’autre de ces deux catégories, n’avaient ni le même aspect ni la même composition, et que cette opposition impliquait des différences équivalentes en rapport avec la nature des circonstances qui avaient dû présider à leur dépôt. — D’une part, effectivement, ce sont des lits de charbon, des marnes ou des schistes en plaque et en feuillets, c’est-à-dire les indices qui marquent la présence d’une contrée basse et marécageuse, occupée par les eaux douces, et d’une flore soumise à leur influence immédiate. D’autre part, ce sont des grès, des calcaires littoraux ou des assises purement détritiques, entraînées par les courans et formées le plus souvent le long des rivages de la mer ou près des embouchures. Les plantes terrestres renfermées dans les roches qui viennent d’être énumérées se trouvent fréquemment mêlées à des restes d’animaux pélagiques ; elles ont été charriées par des ruisseaux et balayées sur le sol même où elles croissaient, à portée des anciennes plages.

Le dépôt charbonneux de Scarborough, dans le Yorkshire, celui de Palsjö, en Scanie, offrent des exemples complets de la première des deux sortes d’associations végétales. — Plusieurs gisemens français, explorés dans la Meuse ou la Côte-d’Or, à Saint-Mihiel, près de Verdun ; à Étrochey, près de Châtillon-sur-Seine ; tout récemment à Beaune par M. Changarnier, se rapportent évidemment à la seconde des deux catégories. L’ensemble des plantes