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méditerranéen et saharien. Là, les pluies sont rares en tout temps, l’hiver est rude, l’été sec et chaud, la végétation maigre et pauvre, sauf sur les points restreints où les précipitations aqueuses deviennent abondantes et favorisent l’essor d’une flore qui revêt alors un caractère d’opulence, de vigueur, et une physionomie toute méridionale.

L’extrême Orient de l’Asie, de la Mongolie aux contreforts de l’Himalaya, de Sakalin au nord à Hong-Kong au sud, le long du Pacifique, constitue le domaine chino-japonais, qui n’a pas de correspondant sur les plages opposées de l’Atlantique, sauf peut-être un coin du Portugal, aux environs de Coimbre, où l’abondance des pluies est exceptionnelle, comparée à ce qu’elle est partout ailleurs, à la même latitude, sur le pourtour méditerranéen. — Le camélia, le thé, le camphrier, les chênes verts, le cycas du Japon, l’oranger, les pivoines, les bambous, certains palmiers ornementaux, dont l’un tend à s’acclimater dans le midi de la France : tels sont les traits de ce domaine, qui opère la transition à celui « des moussons tropicales. » Ce dernier englobe, avec les Indes, les îles de la Sonde et la Papouasie ; il répond au Soudan africain. — Les splendeurs végétales du domaine des moussons, avec ses hauts palmiers, ses cocotiers, sagoutiers et rotangs, ses scitaminées et pandanées, ses masses de figuiers, d’artocarpées, de laurinées, ses bambous géans, ses mangliers, ses lianes et orchidées épiphytes, provoquent l’admiration de tous ceux qui sont admis à le contempler pour la première fois. Nos humbles jardins d’hiver en traduisent l’image affaiblie : ces splendeurs sont uniquement dues à la combinaison de la plus grande chaleur possible avec l’humidité la plus intense, résultant de précipitations aqueuses prolongées et périodiques. Les intervalles qui séparent celles-ci ne sont jamais assez prolongés pour entraîner le dessèchement complet du sol ni de l’atmosphère, ou du moins pour que les plantes aient trop à souffrir de ces temps de repos qui répondent à l’hiver de nos pays. Plus au sud vient l’Australie avec ses végétaux si particuliers, mimosées, eucalyptus, protéacées : c’est le Cap agrandi, avec des parties désertes vers le nord, qui reproduisent le Kalahari africain. En Amérique, c’est à la configuration générale, échancrée et amincie vers le milieu, mais encore plus à la direction nord-sud de l’immense chaîne des Andes et Cordillères, courant de la Californie au Chili, au lieu de s’étendre transversalement à l’exemple de l’Himalaya, qu’il faut attribuer les divergences qui se produisent entre les deux continens, dans l’ordre et la répartition des domaines. Malgré tout, on voit encore percer des analogies, qu’il est naturel d’attribuer aux lois générales qui président à la distribution des climats et à l’influence des cou-