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l’égard de la Russie est devenu belliqueux autant que le ton de lord Granville à l’égard du chancelier allemand avait été humble et conciliant. L’opinion publique s’est alarmée) on a cru que la guerre entre l’Angleterre et l’empire du tsar ne pourrait être évitée. Les banquiers de Londres, à la liquidation de quinzaine, ont refusé de reporter des fonde russes ; des réalisations considérables ont dû s’effectuer, à Berlin comme au Stock-Exchange, et toutes les catégories de la dette de la Russie ont perdu, en une Semaine, de 4 à 5 unités. Il est à noter que cette panique est venue fort à point pour les intérêts d’une grosse spéculation engagée à la baisse, à Londres, sur les valeurs internationales et aussi, paraît-il, sur les actions de la Compagnie de Suez.

Nos haussiers ont dû plier devant l’ouragan déchaîné sur les deux grands marchés du Nord. Le 3 pour 100 a reculé de 82.50 à 81.60 ; le 4 1/2, de 110.30 à 109.60 ; l’Italien, de 98 à 96.85 ; le Suez, de 2,175 à 2,050 ; la Banque ottomane, de 620 à 602 ; la Banque de France, de 5,300 à 5,240 ; la Banque de Paris, de 813 à 785.

Ce désarroi a peu duré ; le 3 pour 100 s’est rapproché de 82, le 4 1/2 de 110, le Suez de 2,100. On s’est rassuré sur la nouvelle que l’ambassadeur russe à Londres avait enfin reçu l’autorisation d’apposer sa signature à la convention internationale pour le règlement des finances égyptiennes. On augurait de ce fait que l’empereur de Russie apporterait un sérieux esprit de conciliation dans l’arrangement de la question afghane. Cependant les inquiétudes sont encore vives ; l’attitude du cabinet anglais indique que la situation est grave, et l’on s’étonne des retards que subit la conclusion officielle de l’affaire égyptienne, terminée en fait depuis plus de quinze jours.

Des dépêches annonçant de nouveaux succès de nos armes, sont arrivées de l’extrême Orient : le général Brière de l’Isle a fait lever le siège de Tuyen-Kuan et battu l’armée chinoise du Yunnan ; le général de Négrier a occupé That-Ke ; le colonel Duchesne a chassé les Chinois des environs de Kelung. Mais l’annonce de ces victoires, très chèrement achetées d’ailleurs, n’a exercé aucune action sur les tendances du marché, dont toutes les préoccupations étaient tournées du côté de Londres, de Berlin et de Saint-Pétersbourg.

En Italie, les conventions des chemins de fer, votées par la chambre, ont été portées au sénat, où l’adoption ne fait aucun doute. L’événement avait été escompté si longtemps à l’avance que les prix de la rente italienne ne se sont point ressentis du fait accompli. De grosses positions à la hausse sur ce fonds ont commencé à se liquider. Les actions des Chemins méridionaux ont conservé le cours de 700 francs après avoir atteint 710.

La baisse des fonds russes a entraîné celle du 4 pour 100 or hongrois, de l’Extérieure, du Turc nouveau, sur lequel a été détaché, le