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restera un an visible, qu’alors le règne de la justice sera entièrement établi : le pape renoncera à son séculier, et on lui donnera une liste civile… Si cela ne se réalise pas, c’est qu’il y aura eu une grande saignée en Europe… » — Voici des quittances. des artistes Roslin et Vanloo pour les portraits de personnes royales qui leur, ont été confiés, des descriptions de gobelins ou de riches pièces d’orfèvrerie ou de porcelaines données par le gouvernement français à l’étranger, des listes de manuscrits recherchés ou acquis par l’ambassadeur pour quelques Français protecteurs des lettres. On pense bien que la correspondance politique de Rome informe fréquemment des collectionneurs zélés, comme Mazarin ou Colbert, de tout ce qui peut intéresser les beaux-arts ou la haute curiosité. — Et nous ne parlons pas des médisances de cour, des anecdotes mondaines, des piquans récits. Tel ambassadeur, simplement correct, ou bien ayant affaire à des chefs quelque peu austères, ne donne point place dans sa correspondance à tout ce menu butin ; mais tel autre, qui fera sa cour de la sorte, y prenant lui-même un certain plaisir plus ou moins délicat, tient perpétuellement à jour, dans ses dépêches, une véritable gazette qui, dans un temps où la presse n’a pas le rôle incessant et multiple d’aujourd’hui, présente un intérêt et une valeur véritables. — C’est tout ce trésor, sobrement mis à profit, sans égard superstitieux au détail inutile, que nous rendra l’Inventaire analytique de la correspondance générale.

Avant le devoir de publier elle-même, la commission avait celui de favoriser le travail d’un public d’élite en vue de publications tirées des Archives du ministère des affaires étrangères. Il fallait concilier l’intérêt scientifique et les convenances suprêmes d’un dépôt qui doit compter avec les secrets d’état et l’honneur des familles. La commission a sûrement satisfait à toutes les exigences en déclarant ouverte aux recherches scientifiques toute une période relativement ancienne, sauf autorisation pour chaque demande, le droit d’interdiction sur tel point spécial étant d’ailleurs toujours sauvegardé ; l’époque contemporaine, depuis 1791 jusqu’en, 1814, est, d’après le dernier règlement, particulièrement réservée, mais non pas absolument interdite.

La commission a fait plus : elle a voulu faciliter et même provoquer les demandes en révélant elle-même, par des catalogues publics, ce que le dépôt des Archives possède. En dehors de la correspondance régulière pour chaque cour, qui est disposée chronologiquement, une série considérable de volumes contient ce qu’on appelle les Mémoires et Documens. Ce sont d’abord les pièces de toute sorte et les mémoires sur la politique générale, sur des