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mètres. L’éruption de l’Ararat, du 20 juin 1840, fut accompagnée d’un des plus forts tremblemens de terre qu’ait éprouvés l’Arménie. D’après l’intrépide ascensionniste M. Whymper, l’éruption du Cotopaxi, du 9 mai 1877, a coïncidé avec un tremblement de terre très violent. Or la vapeur d’eau est la cause reconnue des éruptions volcaniques : elle en est l’émanation à la fois la plus abondante et la plus constante dans toutes les parties du globe. C’est elle qui fait jaillir, des régions profondes vers la surface, les laves qui, malgré leur haute température, la tiennent incorporée dans leur pâte ; de même que l’acide carbonique, dissous dans une eau gazeuse, emporte impétueusement le liquide hors de la bouteille qui le contient. C’est elle aussi qui lance violemment dans l’atmosphère d’abondantes matières solides, blocs, lapilli et cendres. Il est bien naturel d’admettre que la vapeur d’eau est également la cause des agitations qui accompagnent les crises volcaniques. Conformément à cette idée, déjà Kircher et Humboldt ont considéré les volcans comme des soupapes de sûreté contre les tremblemens de terre.

Mais ce n’est pas seulement à proximité des bouches volcaniques que les tremblemens de terre sont fréquens et violens. Certaines contrées, où il ne se montre aucun volcan, sont ébranlées avec non moins d’énergie et de fréquence, et même sur de plus grandes étendues. Telle est, non loin de nous, la partie septentrionale du bassin de la Méditerranée. La Syrie, y compris la Palestine, l’Asie-Mineure, la Turquie d’Europe, la Grèce, ainsi que les archipels qui bordent ces trois derniers pays, les Sporades, les Cyclades et les îles Ioniennes, l’Italie, la Sicile, la partie méridionale de la péninsule ibérique et une partie de sa côte occidentale, aux environs de Lisbonne, ont présenté depuis les temps historiques des preuves de cette triste prédisposition. Dans chacun de ces pays, beaucoup de noms de provinces ou de localités, tels que ceux de la Calabre, d’Alep, d’Antioche, et bien d’autres, reportent la mémoire vers de nombreux et désastreux tremblemens de terre. Sur le versant méridional du même bassin, l’Algérie présente ces caractères, mais à un degré beaucoup moins aigu. Shaw, au siècle dernier, signalait déjà ce pays comme fréquemment secoué et, depuis l’occupation française, il a continué à éprouver d’assez nombreuses commotions, entre autres celles qui, du 21 août au 14 octobre 1856, ont agité la province de Constantine, surtout entre Bougie et Philippeville, et sous la mer, à 27 kilomètres de Djidjeli.

Tout d’abord, faisons observer qu’un premier caractère essentiel est commun à toutes ces contrées, dépourvues de volcan et fréquemment ébranlées. Ce caractère est une dislocation des couches constitutives du sol, qui est révélée, le plus souvent, par le relief