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Français que 7 morts et 14 blessés. Les Arabes s’étaient enfuis par le défilé de Boufarik : le général de Faudoas ne voulut pas s’y engager à leur suite ; quand il eut fait lancer quelques obus pardessus le marais dans les broussailles, il ordonna la retraite ; alors, selon l’usage, l’ennemi reparut. Les troupes, qui n’avaient pas encore l’expérience d’un vrai combat arabe, en virent se succéder toutes les péripéties : les groupes de cavaliers accourant d’abord, drapeaux en tête, les hommes de pied, parfois trois ensemble, accrochés à la selle ou à la queue des chevaux ; puis autour des drapeaux arrêtés subitement, les premiers au galop lâchant leur coup de fusil, puis encore, couchés sur l’encolure du cheval, achevant le cercle en rechargeant leur arme, pendant que les fantassins embusqués derrière les haies, les pierres, les buissons, les arbres, font le coup de feu à main posée. Une charge de chasseurs, régulière, bien conduite, acheva de venger le demi-échec du matin. Les cavaliers s’enfuirent, abandonnant les hommes de pied qui perdirent une centaine d’hommes, et laissant deux drapeaux aux mains des vainqueurs. Après un repos de deux heures, la colonne reprit le chemin de Birkhadem, où elle arriva le soir.

Cette même nuit, qui avait mené à la surprise de Sidi-Haïd, le général de Faudoas avait égaré le général de Brossard à la recherche de Koléa. Sa colonne, composée de trois bataillons du 4e de ligne, du 1er  bataillon de zouaves, de deux escadrons de chasseurs d’Afrique, de quatre obusiers de montagne et d’une section de mulets de bât, était forte de deux mille trois cents hommes. C’était l’escorte d’une lettre du commandant on chef, ou plutôt d’une sorte de mandat d’amener, au nom de l’agha Mahiddine, que l’on s’attendait à trouver encore à Koléa, de même que sur un autre point on s’attendait à trouver des Arabes à Souk-Ali. Après être partie de Dely-Ibrahim, le 1er octobre, à huit heures du soir, la colonne, mal dirigée par les guides, n’arriva sous Koléa que le 2, à onze heures du matin. Elle vit venir au-devant d’elle une députation précédée d’un drapeau blanc ; mais, en même temps que s’avançait ce groupe pacifique, on apercevait une centaine d’hommes armés qui sortaient de la ville et s’esquivaient au plus vite. Au dire du marabout, chef de la députation, ces hommes étaient des Kabyles dont l’arrivée des Français débarrassait heureusement la cité. Le général de Brossard ne parut pas convaincu ; il prit pour otages le marabout lui-même avec le cadi et deux des notables, déposa correctement entre les mains des autres la lettre adressée à l’agha, fit ramasser aux environs quelque trois cents têtes de gros bétail et se remit en chemin. On ne voyait pas trace d’ennemis ; les seuls coups de feu qu’on entendait étaient tirés sur des bœufs