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qu’offrent les grandes sociétés à primes, et surtout la propagande faite par leurs agens, ont le plus souvent déterminé le public à s’adresser à elles, et la mutualité n’a guère pu s’établir que dans de rares localités où les essais tentés n’ont pas encore donné des résultats très significatifs ; une seule exception doit être faite à cet égard, et nous ne craignons pas de rappeler ce que nous disions en 1859 et en 1867 sur la société mutuelle immobilière de la ville de Paris. Les progrès réalisés par elle prouveront en sa faveur plus que tous les argumens. La société mutuelle, fondée en 1816, a joui depuis cette date ancienne d’une notoriété toujours croissante; elle ne recrute ses adhérens que parmi les propriétaires de la ville de Paris, et jusqu’à l’extension des limites de la capitale aucune autre société mutuelle ne s’était établie en concurrence avec elle ; les sociétés à primes fixes tentaient à Paris de rares opérations, et même les sociétés d’assurances sur-la vie, en tant que possesseurs d’immeubles, entraient dans la clientèle de la société mutuelle comme sociétaires. Après l’extension des limites de Paris, une première mutualité créée en Seine-et-Oise, qui comptait de nombreux contractans dans les faubourgs, les a conservés quand ils sont devenus des propriétaires parisiens, et, depuis lors, elle en a augmenté le nombre : d’autres mutualités encore se sont créées ; toutes les sociétés à primes fixes ont aussi recherché la clientèle parisienne.

Cependant la mutualité de 1816 n’en continue pas moins ses progrès. En 1869, nous disions qu’elle assurait pour 3 milliards de propriétés dans Paris ; aujourd’hui elle en assure le double en valeurs simples seulement, sans compter la valeur du terrain. Ce n’est pas tout : au risque immobilier contre l’incendie, la Mutuelle a ajouté d’autres risques découlant tous de la qualité de propriétaire, mais qui n’en sont, pour ainsi dire, que des accessoires. Ce sont : 1° les risques contre les recours des locataires ; 2° les risques de voisinage ; 3° les risques de chômages. Les éventualités auxquelles sont exposés les propriétaires dans les trois cas dont il s’agit étaient l’objet d’assurances des compagnies à primes fixes ; la Société mutuelle a pensé avec raison qu’il entrait dans l’esprit de son institution d’en faire l’objet de contrats annexes, et elle a déjà de ce chef réalisé 2 milliards d’assurances. L’adjonction de ces nouveaux risques n’a fait qu’accroître la solidité de la Mutuelle, car les primes payées à cet effet n’ont pas atteint les pertes occasionnées ; il en a été de ce fait comme il ne cesse de l’être pour les risques d’incendie couverts par des contributions plus élevées que la contribution simple : ils sont appréciés avec tant de prudence qu’ils ont laissé toujours une marge importante entre la quotité des sinistres et les primes perçues.

Il faut bien remarquer, en effet, que toutes les maisons ne sont