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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



30 avril.

Cette saison nouvelle n’est pas décidément favorable, les affaires du monde ne sont point, en vérité, dans un brillant et rassurant état. Pour quelques questions qui se dénouent, qui paraissent se dénouer plus ou moins heureusement, ce ne sont, d’un autre côté, presque partout en Europe, que complications nouvelles, sourdes et inquiétantes agitations, mésintelligences incessantes entre les gouvernemens, entre les peuples, guerres en perspective ou malaises intérieurs. Non, décidément, à en juger par les apparences, par les incidens qui se pressent, par tous les signes qui se manifestent, le monde d’aujourd’hui n’est pas dans une bonne voie, et, après tout, dans cette cohue contemporaine, la France ne serait peut-être pas encore la nation la plus exposée si elle avait seulement cette chance de se sentir conduite, dirigée, protégée par ceux qui sont chargés de la représenter et de la gouverner. Malheureusement c’est là toujours la question pour elle, et c’est parce que cette question première de gouvernement n’est pas résolue jusqu’ici que la France reste au même point, s’agitant dans le vide, se trouvant engagée dans des guerres lointaines sans savoir pourquoi, retrouvant la paix sans savoir comment, assistant en spectatrice étonnée aux crises qui se succèdent, aux changemens de ses ministères, sans voir plus clair dans ses affaires et dans sa situation. Est-on plus avancé aujourd’hui, après cette dernière révolution ministérielle, provoquée à l’improviste par le hasard des incidens militaires