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secrétaire du métropolitain touche 1,000 florins, et les officiers de sa chancellerie 1,500 florins. En 1883, ce consistoire fut définitivement organisé. Dans son premier voyage en Bosnie, à la fin de l’été de 1882, M. de Kallay s’occupa aussi de la question du séminaire des prêtres orthodoxes. L’établissement de ce séminaire, dont l’actution s’étend à trois diocèses, était un des points les plus importans de la réorganisation de l’église orthodoxe, soit parce qu’il devait assurer le règlement intellectuel du clergé de cette confession, soit parce qu’il devait enlever tout prétexte aux candidats à la cléricature d’aller chercher leur éducation à Belgrade ou dans un autre pays étranger. Mais il ne fallait pas compter que la population orthodoxe pût créer, avec ses propres ressources, une institution de ce genre, qui demandait d’assez grosses dépenses. Le gouvernement était donc forcé de la prendre à sa charge et d’y pourvoir avec les ressources générales du pays. On avait installé, en décembre 1882, un séminaire provisoire dans une maison louée à Serajewo. Pour l’établissement du séminaire définitif, l’archevêque Sava Kasanovitz donna sa propre propriété à Keljevo, et les constructions, aussitôt commencées, furent rapidement terminées en 1884. Elles coûtèrent, avec les installations nécessaires, près de 60,000 florins. On disposa d’abord dans ce séminaire quatre classes, composées chacune de douze élèves, de manière à ce qu’il pût fournir, quatre ans après sa création, douze candidats à la prêtrise par année, et à ce que toutes les paroisses de la Bosnie et de l’Herzégovine pussent être occupées par de bons prêtres en vingt années. L’entretien du séminaire, qui est dirigé jusqu’à présent par un recteur et par quatre maîtres, trois classes ayant été ouvertes et trente-six élèves nourris, a couteau gouvernement austro-hongrois 15,125 florins en 1883 et 27,057 en 1884.

Une réforme de grande importance accomplie en 1884 a été la suppression de cette taxe religieuse, de cette vladikarina dont nous avons déjà parlé plusieurs fois. Comme les autres confessions du pays, catholique et mahométane, ne payaient pas d’impôt de ce genre, il était juste et conforme aux maximes de l’égalité entre les cultes, de faire disparaître cette sorte de capitation religieuse à laquelle étaient soumis les seuls orthodoxes. La mesure n’avait qu’une médiocre importance financière, la vladikarina ne rapportant qu’environ 30,000 florins, mais elle avait l’avantage politique de supprimer une institution humiliante pour l’église orthodoxe. Cette dernière ombre d’inégalité est effacée, et le gouvernement autrichien, qui était accusé de propagande catholique, a montré que la tolérance absolue n’était pas pour lui une simple théorie, mais une conviction pratique à laquelle il savait même faire des sacrifices d’argent,