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de guerre dudit Henri d’Orly, parce que bonnement ne le pouvaient loger audit château de Doulevant ou pour autre cause à ce les mouvant, avaient laissé en un petit village nommé Dommartin-le-Franc, assez près dudit château de Doulevant. Laquelle chose sue et venue à la connaissance de notre dit cousin de Vaudemont, après la réception des lettres de ladite dame sa cousine, mû de pitié, il ordonna audit suppliant et lui commanda de rescourre (reprendre) ledit bétail. Lequel suppliant, pour obéir à l’ordonnance d’icelui notre cousin, qui était son maître, monta à cheval, accompagné de sept ou huit combattans, et s’en alla audit Dommartin-le-Franc, là où il trouva ledit bétail et aucuns des larrons qui avaient pris les dits biens et bétail, lesquels s’enfuirent et laissèrent ledit bétail, lequel fut par ledit suppliant et ses gens étant avec lui rescous et ramené audit Joinville. Mais avant que ledit suppliant et ses dits compagnons fussent retournés audit lieu de Joinville, ledit Henri d’Orly, accompagné de grand nombre de gens de guerre, poursuivit ledit suppliant (Barthélémy de Clefmont). Et ordonna et commanda icelui Henri auxdits gens de guerre que, s’ils pouvaient atteindre icelui suppliant, qu’ils le tuassent et missent à mort… Par lequel Henri ou ses gens et complices ledit suppliant fut fort pressé, et fut icelui enferré de lance et en voie d’être mort ou vilainement blessé, mais il se défendit si bien que lui et ses complices et ledit bétail arrivèrent à sauveté audit Joinville sans aucune chose perdre. Lequel bétail et autres biens pris sur ladite dame, notre dit cousin le comte de Vaudemont lui fit rendre et restituer franchement. » Le rédacteur de l’acte dit formellement que le fait s’était passé trente ans auparavant « dès trente ans a ou environ ; » or, comme cet acte est daté de juillet 1455, les expressions que nous venons de citer nous reportent approximativement à juillet 1425. Il est certain, d’une part, que Henri d’Orly n’occupa le château de Doulevant qu’au commencement de 1425 ; d’autre part, que ce même chef de bande conclut une trêve avec René, duc de Bar, le 20 août 1426. L’enlèvement du bétail de Domremy doit donc se placer entre ces deux dates. D’un autre côté, Antoine de Lorraine, comte de Vaudemont, qui intervient ici en faveur des hommes de sa cousine Jeanne de Joinville, mariée à un chambellan du duc de Lorraine, entra en lutte ouverte contre Charles II au sujet de la succession de ce prince, et aussi contre René d’Anjou, duc de Bar, gendre de Charles II, dès la fin de 1425. Il y a, par conséquent, de solides raisons d’accepter comme rigoureusement exacte la date de juillet 1425 résultant du contexte de la lettre de rémission octroyée à Barthélémy de Clefmont trente ans après l’événement. Nous insistons sur cette date parce qu’elle coïncide d’une manière frappante avec celle de la première apparition de l’archange Michel, qui eut lieu,