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LA
CAPITULATION DE SOISSONS
EN 1814
D’APRÈS LES DOCUMENS ORIGINAUX


La capitulation de Soissons est l’événement le plus funeste de notre histoire, après celui qui devait un an plus tard s’accomplir à Waterloo.

THIERS.


La campagne de France, où l’intrépidité des soldats fut égale au génie du capitaine, a trois phases distinctes. La première période, qui s’étend du 25 janvier au 8 février 1814, est marquée par les progrès menaçans des alliés. En vain Napoléon a vaincu à Brienne, en vain il s’est maintenu douze heures à La Rothière contre des forces trois fois supérieures : il bat en retraite. La situation paraît désespérée, le résultat de la guerre proche et certain. L’armée de Bohême et l’armée de Silésie ont fait leur jonction ; elles marchent de concert sur Paris, où elles vont acculer l’empereur et sa dernière armée. Napoléon se sent impuissant devant l’invasion; il ne compte plus sur ses troupes, à peine compte-t-il sur lui-même. Son seul, son suprême espoir, c’est une faute de l’ennemi.

La seconde période, signalée par tant de victoires, pleine de tant d’espérances, s’ouvre le 9 février et se ferme le 2 mars. Tout change. La faute stratégique attendue par Napoléon, les alliés l’ont commise. Au lieu de marcher sur Paris parallèlement, Blücher et Schwarzenberg ont marché excentriquement ; Blücher a tiré trop à droite, vers la Marne ; Schwarzenberg a tiré trop à gauche, vers