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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les marchés de Londres et de Paris ont été pris au début de la seconde quinzaine de juillet d’une panique dont les effets ne sont pas encore aujourd’hui complètement effacés. Les Consolidés anglais étaient à 100 l/4 et le 3 pour 100 français à 80.27 lorsque fut répandu à Londres, par une édition spéciale du Times, le bruit que les Russes étaient de nouveau en marche sur Hérat et occupaient le défilé de Zulficar. Les Consolidés perdirent immédiatement plus d’une unité et le 3 pour 100 tomba de 81.27 à 80. 40. Les fonds russes et hongrois reculaient en même temps de 2 pour 100, et l’Italien, qu’on venait de porter à 95.65, était ramené brusquement à 94.

La liquidation de quinzaine s’est donc effectuée en plein désarroi, au grand détriment de la petite spéculation à la hausse, déçue dans les espérances de bénéfices qu’elle avait fondées sur le mouvement en avant du Suez et de l’italien. Le Suez avait en effet suivi les fonds d’état dans la réaction, fléchissant de 2,110 à 2,050.

la panique cependant n’avait point de cause légitime: quelques explications venues de Saint-Pétersbourg calmèrent subitement les esprits à Londres. Cependant les cours des fonds publics ne se sont que lentement relevés. Les Consolidés n*ont pas encore recouvré le pair. Notre 3 pour 100 est revenu au-dessus de 81, mais ne s’y maintient pas sans quelque résistance. L’Italien a repris une unité à 95 ; de même le Hongrois à 80 3/8. Le Suez est resté au point où l’avait fait refluer la panique. On paraît avoir abandonné pour l’instant les plans de campagne en hausse dont cette valeur était l’objet le mois dernier.

Ce qui a surtout caractérisé l’attitude du marché pendant cette fin de juillet, c’est une grande pénurie d’affaires. Sur bon nombre de titres, les transactions ont été à peu près complètement arrêtées ; la cote n’a enregistré que des cours nominaux sur les valeurs de banque, comme le Crédit lyonnais, la Société générale, la Banque franco-égyptienne, etc., sur le Crédit foncier, sur les actions de nos grandes compagnies de chemins de fer, sur les titres des sociétés industrielles. Même au comptant les échanges se restreignent de plus en plus en ce qui concerne tout ce groupe. Le peu d’activité qui subsiste est concentré sur les négociations en fonds publics. Encore cette activité est-elle toute relative, car les capitaux disponibles n’ont pas apporté sur le