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les études sur l’art primitif des Flandres entrèrent dans une phase nouvelle. On comprit dès lors qu’avant d’arriver à des vues d’ensemble et à une histoire complète de cet art, bien des recherches devaient être faites dans les musées, les bibliothèques et les archives, afin de remplacer par des documens et des faits positifs les erreurs et les légendes qui avaient eu cours pendant trop longtemps. Les érudits n’ont pas manqué à cette tâche. Partout en Belgique, — à Bruges, à Gand, à Malines, à Liège, à Louvain, à Anvers et à Bruxelles, — ils se sont mis à l’œuvre. On sait, pour ne citer que les principaux d’entre eux, la part que MM. James Weale, Fétis, Henri Hymans, Alphonse Wauters et le regretté M. Pinchart ont prise à ce mouvement. Des textes nouveaux ont été produits, on a révisé les anciens, on les a comparés entre eux, on a minutieusement étudié des peintures disséminées à travers toute l’Europe. En même temps, avec un esprit de suite qui fait honneur à ceux qui le dirigent, le musée de Bruxelles s’est successivement enrichi d’ouvrages remarquables de ces maîtres primitifs, dont il possède aujourd’hui la plus précieuse et la plus importante réunion.

Un livre récent permet de comprendre l’intérêt et la valeur de ces élémens d’information et de ces découvertes éparses. Dans sa forme abrégée, la Peinture flamande de M. A.-J. Wauters contient, à côté de quelques appréciations un peu hasardeuses, un résumé très méthodiquement conçu et habilement présenté de l’histoire de cette école. Pour ceux qui, sur certaines questions, voudraient être renseignés de plus près, des indications bibliographiques consciencieusement données permettent de recourir à des monographies plus étendues, notamment aux deux études capitales de MM. Max Booses et Van den Branden sur l’école d’Anvers, dont malheureusement aucune traduction française n’a été donnée jusqu’ici. Mais pour l’histoire de la peinture flamande, considérée dans son ensemble, on ne saurait trouver un meilleur guide que M. J. Wauters, et le petit volume où il en a condensé les traits essentiels mérite d’être cité comme l’un des plus instructifs de cette Bibliothèque des beaux-arts dont M. Quantina pris l’initiative.

Quoique bien des points restent encore obscurs et que des désaccords assez notables persistent entre les écrivains qui passent pour les plus compétens, il devient cependant possible de grouper dès maintenant un certain nombre de faits acquis à l’histoire. Si les Van Eyck dominent toujours de haut non-seulement leurs contemporains, mais leurs successeurs, on peut, du moins en une certaine mesure, leur trouver des devanciers, indiquer les tentatives et les enseignemens dont ils ont profité. Mieux connu, leur génie ne demeure pas moins prodigieux, et même en