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dans les dépenses des sociétés de secours mutuels les dépenses qui sont obligatoires de celles qui sont facultatives. Les dépenses obligatoires, c’est-à-dire qui sont de l’essence même de ces sociétés et consacrées par les statuts de chacune, sont les indemnités de maladie aux sociétaires, les frais de médecins et de médicamens et les frais funéraires. À ces dépenses le plus grand nombre des sociétés de secours mutuels en ajoutent d’autres qui sont des secours aux veuves et orphelins, aux infirmes et aux incurables. Enfin un certain nombre de sociétés assurent à leurs sociétaires des pensions de retraite. Ce serait surcharger ce travail de chiures inutiles que d’indiquer article par article le montant de chaque nature de dépenses en 1882. Ce qui est intéressant, c’est de rechercher dans quelle mesure l’application pure et simple du principe de la mutualité parvient à y faire face. Ne prenons comme exemple que les sociétés approuvées, qui sont les plus nombreuses. Dans les sociétés composées exclusivement d’hommes, la cotisation moyenne est de 14.43. La dépense moyenne par sociétaire, en ne tenant compte que des dépenses obligatoires (indemnités de maladie, frais médicaux et funéraires), est de 13.47. Si l’on ajoute à ces dépenses les dépenses dites facultatives, mais qui sont de pratique constante dans les sociétés de secours mutuels (secours aux veuves, aux orphelins, aux infirmes, aux incurables), la dépense par sociétaire s’élève à 16.75, soit un chiffre supérieur de plus de 2 francs à la cotisation moyenne. Pour les femmes l’écart est encore plus grand ; la cotisation moyenne est de 10.14, ne parvenant même pas à couvrir le chiffre des dépenses obligatoires, qui est de 11.33, et demeurant de 3.37 au-dessous du chiffre des dépenses obligatoires et facultatives réunies, soit 13.71[1]. De ces chiffres ressort avec évidence l’insuffisance de la mutualité à subvenir aux dépenses qui, obligatoires ou facultatives, sont de l’essence même des sociétés de secours mutuels. Aux ressources qu’elle peut fournir il en faut ajouter d’autres, d’une origine toute différente. Ce sont les dons et legs, les subventions de l’état et, ressource permanente et abondante des sociétés de secours mutuels, les cotisations des membres honoraires qui versent dans la caisse et n’y puisent jamais. En un mot, il faut que la libéralité (je ne veux pas, quant à présent, employer le mot propre) se joigne à la mutualité pour que les sociétés de secours mutuels puissent faire face à leurs dépenses essentielles. A plus forte raison en est-il ainsi pour colles, en assez grand, nombre aujourd’hui (67 pour 100), qui assurent à leurs sociétaires des pensions de

  1. Dans les sociétés autorisées, l’insuffisance de la cotisation moyenne est plus grande encore. Hommes : cotisation moyenne, 17.35, dépenses obligatoires et facultatives réunies, 21.96 ; 4 francs d’écart. — Femmes : cotisation moyenne, 9.74, dépenses, 16.41 ; 7 francs d’écart.