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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La liquidation de fin juillet était à peine commencée qu’un mouvement assez vif de réaction s’est produit sur l’ensemble de la cote, ou, plus exactement, sur l’ensemble des valeurs qui donnent encore lieu à quelques opérations à terme. De raisons apparentes il n’y en avait guère. On parlait bien de l’apparition du choléra à Marseille, et un journal anglais avait annoncé une rencontre de Russes et d’Afghans à Meruchak. La rencontre était imaginaire. Dès le lendemain du jour où elle avait été publiée, la nouvelle était démentie de toutes parts. L’épidémie cholérique, au contraire, était réellement et officiellement constatée à Marseille ; mais elle ne s’y est que peu développée, et déjà le fléau est en décroissance.

Rentes et valeurs cependant ne se sont point relevées. Le 3 pour 100 notamment, qui avait reflué brusquement de 81.15 à 80.65, est encore aujourd’hui à 80.80; l’Amortissable, moins atteint, n’est plus qu’à 0 fr. 15 des cours de la précédente quinzaine. Le 4 1/2 s’est rapproché de 109 francs. L’Italien perd encore 0 fr. 25, le Suez a reculé de 2,050 au-dessous de 2,000, et n’a été relevé depuis qu’à 2,005.

La principale explication de cette faiblesse générale est à chercher uniquement dans le ralentissement de plus en plus marqué des transactions. Les affaires en spéculation pendant cette première moitié d’août se sont réduites au minimum. C’est là un fait que l’on voit se reproduire chaque année régulièrement pendant la saison d’été. Il est vrai qu’il se manifeste cette année avec plus d’intensité qu’on ne l’avait vu jusqu’ici.

La spéculation, ou du moins ce qui en reste sur la brèche, s’est donné pour unique mission d’empêcher un parti de la baisse de se former pour l’exploitation éventuelle des rumeurs pessimistes que le télégraphe lance de temps à autre sur les marchés. Elle a été aidée dans cette tâche par l’abondance de l’argent, qui s’est accusée encore une fois, à la liquidation de fin juillet, dans les taux ridiculement bas des reports, taux qui n’offrent, depuis longtemps, aucune rémunération aux capitaux en quête de placemens provisoires et dont la modicité persistante ne peut s’expliquer que par l’existence de positions à découvert plus ou moins étendues, se perpétuant de liquidation en liquidation dans l’espoir d’une catastrophe qui s’obstine à ne point survenir.