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100,811,888 francs ; aujourd’hui, il se chiffre par 235 millions environ. C’est donc une augmentation de 134 millions. Au premier aspect, la situation parait fâcheuse. Si l’on remonte aux causes, elle s’explique aisément.

A la fin de 1876, l’actif au trésor présentait les articles suivans :


Recouvremens douteux 39.000.000 fr.
Intérêts arriérés sur obligations romaines converties en rentes 8.494.650
Créance du trésor contre la Société des chemins de fer romains 46.499.427
Total 93.994.077 fr.

Ces sommes étant, ou non disponibles ou irréalisables au fur et à mesure des besoins du trésor, il en résultait que la véritable différence entre l’actif et le passif s’élevait à 291,934,309 francs.

A la fin de 1883, par suite de circonstances que nous n’avons pas à rappeler ici, la créance contre les chemins de fer romains disparut ; de plus, les recouvremens douteux descendirent à 28,590,475 francs.

Par conséquent, tandis que le déficit total, à cette époque, est augmenté de 37 millions, l’excédent du passif sur la partie vraiment disponible de l’actif diminue de près de 28 millions et l’actif non disponible descend de 94 millions à 28 millions 1/2.

Si l’on veut bien réfléchir que toutes les dettes du Trésor viennent à l’échéance dans un délai plus ou moins rapproché et que, par conséquent, il est de principe de réduire au minimum les non-disponibilités, l’on reconnaîtra que le résultat que nous venons d’indiquer est favorable à la situation générale.

En 1882, les créances contre les chemins de fer romains, s’élevant ensemble à 97 millions environ, furent comprises dans le rachat. Le ministre aurait pu rembourser le trésor, comme il l’a fait pour les autres créanciers, en lui donnant des titres de rente. Il en avait l’autorisation légale. M. Magliani ne voulut pas user de cette autorisation et fit bien. Mieux vaut, en effet, présenter un compte du trésor moins favorable en apparence et ne pas surcharger inutilement le budget de la dette publique. Mais il n’en est pas moins vrai que ce chiffre considérable disparut de l’actif, ainsi que 2,900,000 francs de créances irrécouvrables ; si bien que l’augmentation du déficit du trésor, de 1881 à 1883, soit 134,600,000, se compose pour 99,720,000 des élémens que nous venons d’indiquer. Cette augmentation du déficit du trésor ne représente aucune perte pour la situation financière en général, au contraire : les fonds du Trésor ont servi à l’acquisition de chemins de fer, et, au lieu de créer 24 millions d’obligations ecclésiastiques,