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des fonctions ou offices publics; pourquoi ne se diraient-ils pas que la simple résidence dans l’arrondissement, peut-être même dans le département, permet de surveiller un domaine de façon à accorder une suffisante liberté d’action au métayer sans détruire le contrôle? Nous souhaitons de voir revivre cet honnête idéal de la vie rurale, qu’envient tous les peuples sains et forts, avec ses travaux et ses plaisirs. Nous voudrions que tant de nos concitoyens qui abusent de l’activité ou du repos dans des conditions souvent si fâcheuses, retrouvassent, avec des goûts sérieux, un peu de joie tranquille « à l’ombre de leur vigne et de leur olivier! » Nous devons certes désirer avant tout la grandeur de la patrie commune, mais le bonheur de ses habitans n’est pas à dédaigner, et, sans traiter le métayage comme une idylle, nous croyons sincèrement qu’il peut être une sorte de refuge pour bien des existences fatiguées, offrir une sorte de dérivatif à plus d’une vie destinée peut-être à se consumer dans de vaines agitations. Tout enseigne à la bourgeoisie du XIXe siècle finissant ce retour à la terre x dont se trouvèrent si bien à d’autres époques les nobles possesseurs du sol toutes les fois qu’ils en essayèrent, d’une manière trop peu durable malheureusement.

La première chose à faire est donc d’éclairer les propriétaires par tous les moyens dont la publicité dispose et de faire connaître les résultats obtenus par l’expérience. C’est à cela que servent des enquêtes et des écrits dont le mérite incontestable est de reposer sur la pratique. Lorsque des augmentations de revenu d’un tiers et davantage pour le propriétaire par comparaison avec des exploitations affermées la veille à rente fixe en portent témoignage, comment douter encore qu’il n’y ait des garanties et des moyens de relèvement dans une direction personnelle quelque peu capable? Comment ne pas reconnaître ce fait qu’il est possible d’inspirer aux métayers un vif intérêt pour des méthodes moins arriérées, pour des améliorations de toute sorte aux bénéfices desquelles ils sont destinés à participer? Tels relevés de comptes faits par M. de Tourdonnet, par M. Lebreton, par M. de Garidel dans une conférence devant la Société d’économie sociale, plaidoyer énergique et substantiel en faveur du partage à mi-fruits, ne peuvent qu’utilement appeler là-dessus l’attention. Les faits qui attestent les gains tout récens réalisés par le propriétaire et par les métayers ont déjà décidé la conversion de fermes à rente fixe en métairies. Rien de plus efficace que cette propagande par les chiffres. Seulement, il faut qu’elle acquière quelque retentissement. C’est une des tâches qu’aura à remplir la presse agricole et qui a paru tenter déjà quelques-uns de ses organes. C’est affaire aussi aux professeurs d’agriculture, dont une loi récente