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faites des frais de culture. Abandonnez le métayer à son unique pente, il aura médiocrement cure de cette considération. Le maître du sol fournissant la plus grande partie du capital, il s’occupera moins d’une production économique que d’une production abondante dont la moitié lui est assurée. Au lieu de traiter l’agriculture comme une industrie, une affaire, il inclinera au mode patriarcal, qui a surtout en vue la consommation de la famille, et risquera par là de préférer les produits alimentaires les mieux appropriés à son usage, même mal adaptés au sol, même quand ils exigeraient, pour être obtenus aux meilleures conditions, les efforts de la culture intensive. — Ces défauts du métayage peuvent être corrigés par la direction du propriétaire et par l’apport du capital. Le métayer, on l’a vu, ne demande pas mieux alors que de devenir le collaborateur d’un progrès dont le maître fait les principales avances et dont lui-même est appelé à recueillir les profits. Je me demande d’ailleurs si tout est à reprendre dans ces tendances reprochées au métayage à assurer la subsistance de nombreuses familles et à se porter vers les cultures variées. Ces cultures échappent davantage au choc violent de la concurrence étrangère et elles s’assurent les unes les autres contre les risques des intempéries qui rarement les frappent toutes à la fois une même année. Par là encore le métayage a épargné et pourra surtout épargner en se perfectionnant, beaucoup de souffrances à nos paysans, qui déjà ont été moins éprouvés que chez d’autres peuples. Ils l’ont dû au métayage et à ce petit faire-valoir, géré avec tant d’économie, qui occupe la plus grande place dans l’ensemble des exploitations. Comment ne pas remarquer que cette combinaison mixte du métayage donne encore facilité à une des modifications que réclame notre agriculture? Bien que l’enquête y fasse peu allusion, il y aurait peut-être lieu de la recommander. La production du blé tient trop de place dans certaines contrées, où elle est à peine rémunératrice. Elle a plus d’un inconvénient et rend le sol difficile à nettoyer quand il s’agit de mettre d’autres cultures. On ne saurait sans doute en diminuer la culture à l’excès ; puisque la France ne produit pas chaque année la quantité de céréales nécessaire, on peut l’augmenter même, mais son remplacement par d’autres produits serait opportun sur plus d’un point. C’est une habitude déjà de certaines régions de diviser un moyen domaine en champs, prairies, etc. Or il est désormais prouvé que le métayage est favorable au développement de la race bovine comme de la race porcine. Ce que nous avons dit des succès obtenus en ce genre montre ce que l’avenir peut attendre ici de l’exploitation à moitié fruits.

Les questions relatives à la distinction du produit, à l’apport réciproque,