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la conquête qui nous a coûté le plus d’efforts et qui a présenté le plus de vicissitudes. Le chef que nous y avions reconnu, Lat-Dior, signe des traités avec nous, puis les viole. On le chasse et on le remplace par un autre, l’ivrogne Madiodio, qui ne peut se maintenir. Après avoir longtemps combattu Lat-Dior, on espère assurer la tranquillité du pays en le rétablissant comme roi, et d’abord il nous rend d’importans services. Puis, en 1883, quand il voit commencer les travaux du chemin de fer qui doit traverser de part en part ses états, comprenant que c’en est fait de son indépendance, il se révolte une fois de plus, ainsi que son neveu Samba-Laobé. Celui-ci est fait prisonnier le 2 mai ; comme ses droits à la royauté sont incontestables, on ne trouve rien de mieux que de le proclamer roi, à la condition qu’il interdira le pays à son oncle, qu’il ne s’opposera ni à la construction du chemin de fer, ni à celle des forts destinés à le protéger. Depuis lors, le pays est tranquille, et sa soumission peut être considérée comme définitive.

Au sud de Cayor, les rois du Baol, du Sine, du Saloum, en 1859, ceux de la basse et de la haute Gazamance en 1860 et en 1861, ont dû accepter notre protectorat. Un des chefs du Saloum, Maba, s’est avisé quelques années après, de se donner pour prophète et de prêcher la guerre sainte. Le combat de Somb, 18 juillet 1867, où il fut tué avec ses principaux adhérens, mit fin à sa mission.

Plus au sud encore, entre les possessions portugaises du Rio-Grande et la colonie anglaise de Freetown, les états nègres du Rio-Nunez, du Rio-Cassini, du Rio-Pongo, du Forrécaréah, de la Mellacorée, ont tous, dans les années 1865 et suivantes, reconnu notre domination ou notre protectorat. Nous occupons cent lieues de côte rien que dans ces régions : en tout, trois cents lieues sur le littoral sénégambien.

A l’est du Cayor et des autres pays mentionnés ci-dessus, s’étend le Fouta, c’est à dire le pays par excellence des Fouts (un des noms de la race peuhle). Cette vaste région était et est encore le principal foyer de fanatisme musulman. C’était alors une agglomération confuse d’états et de confédérations : Dimar, Toro, Damga, Boundou, Bambouk, Fouta central, etc. De cette agglomération, M. Faidherbe, par un traité du 18 juin 1858, démembra le Dimar, qui forma un état séparé, sous le protectorat français. Par un traité du 10 avril 1859, il en sépara, dans les mêmes conditions, le Toro ; par un traité du 10 septembre 1859, le Damga. En août 1859, il signa un traité avec le chef suprême du Fouta central. Pourtant, dans le Fouta ainsi démembré, une insurrection éclata : le nouveau gouverneur, M. Jauréguiberry, la dompta par les brillans combats de Mbirboyan et de Loumbel (1862).