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l’hectare, pour le terrain nu; il est un peu plus élevé si le locataire est un agriculteur; le propriétaire suppose que le mouton améliore sa terre et que la culture l’épuisé.

Au-delà de vingt lieues, sauf à proximité des lignes de chemins de fer de l’Ouest et du Sud, la culture disparaît, le terrain tout entier y est consacré à l’élevage du mouton, auquel, peu à peu, le gros bétail cède la place. Les prix de ces terrains sont beaucoup au-dessous des précédens, ils ne se vendent ou ne se louent que par lieues de 2,700 hectares ou fractions de lieues carrées. Les uns ne peuvent admettre que du gros bétail, d’autres une proportion plus ou moins considérable de moutons, tous se prêtent également à l’agriculture ; mais leur éloignement renchérit la main-d’œuvre, le transport des machines et des produits : ils ne sont desservis ni arrosés par aucun cours d’eau et ne peuvent compter que sur les voies ferrées et l’abaissement de leurs tarifs pour voir la population nouvelle des agriculteurs les rechercher. Pour les bergeries on loue 20,000 francs par lieue, et pour le gros bétail 6,000, soit de 10 francs à 2 fr. 50 l’hectare ; le prix de vente varie entre 50,000 et 150,000 francs la lieue, soit entre 20 et 60 francs l’hectare, suivant que le terrain se prête à l’un ou à l’autre élevage. Le pasteur ou le métayer doit dans ces terrains construire lui-même son abri et faire les installations nécessaires ; aussi la première condition requise d’un colon est de savoir mettre debout les étais et rejoindre les légères charpentes de son logis, tresser le chaume du toit et pétrir la boue des murs de pisé.

Si nous sortons des limites de la province de Buenos-Aires, privilégiée entre toutes en raison du développement déjà ancien de ses voies de communication et de ses établissemens de crédit, et de toutes les autres institutions sociales qui dénotent un état de civilisation européenne, les prix que nous rencontrons sont tout différens et s’abaissent rapidement. Cependant la province de Santa-Fé, qui la continue au nord et suit la rive du Parana d’aval en amont, et la province d’Entrerios, dont les terres fertiles d’alluvions modernes sont enveloppées par le cours du Parana et de l’Uruguay, ont participé dans ces dernières années plus que les autres au grand mouvement de hausse de tous les terrains en général. Laissons de côté les régions relativement peu considérables occupées par les colonies agricoles que nous avons décrites : la concession inoccupée de 25 hectares de terres vierges y vaut en général 1,000 francs, soit 40 francs l’hectare, les frais de mise en culture en doublent le prix ; les terres cultivées, plantées, bâties atteignent des prix tout différens qu’il est difficile de fixer; on estime cependant à 20,000 fr. chaque ferme de quatre concessions, soit 100 hectares en exploitation. Dans les domaines assez rapprochés des colonies pour que