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nourriture, des coutumes concernant les couches et les inhumations. Ses investigations doivent s’étendre même jusqu’à un sujet très délicat, a car il doit rechercher comment se font les mariages, s’ils produisent des maladies héréditaires, quelle est la fécondité moyenne des unions et s’il y a des causes qui la limitent. » Sous peine de punition disciplinaire, il est tenu d’obtenir du préfet des mesures pour faire disparaître soit dans les ateliers, soit dans les familles particulières, « tout ce qui peut nuire à la santé.» Le nombre des pharmaciens est limité et le prix de tous les médicamens taxés. Les honoraires des médecins pour leurs visites et pour toutes les opérations le sont également. Ainsi la visite simple se paie dans la capitale de 1 à 4 francs, dans le reste du pays de 1 à 2 fr. Pour un bandage de plâtre sur un bras cassé 6 francs, pour amputer un bras ou une jambe 40 francs, pour l’emploi du forceps 6 à 40 francs, et ainsi de suite. On ne peut pas dire que le corps médical ait abusé de sa toute-puissance pour rançonner les malades. Un hôpital de vingt lits au moins doit être ouvert dans chaque chef-lieu de département et dans chaque arrondissement ; il est placé autant que possible au centre du territoire. N’oublions pas qu’il y en a 31 pour 1,800,000 habitans. Le médecin officiel y aura son logement. Les indigens y seront reçus gratuitement ou ils seront soignés à domicile.

Dans l’intérêt de la santé publique, les règlemens n’ont pas craint d’interdire un usage séculaire qui semble presque un rite religieux. Partout les orthodoxes transportent leurs morts au cimetière dans un cercueil ouvert et on couvre le visage et le corps de fleurs. Désormais il faut le mettre dans un cercueil fermé, sous peine de prison et d’amende. Les prescriptions, pour combattre les épizooties à la frontière et dans le pays, sont également rigoureuses et minutieuses. Cette vaste et complète organisation sanitaire dispose d’un budget spécial qui se compose du revenu de toutes les fondations hospitalières fusionnées en un fonds spécial, d’un impôt spécial de 1 fr. 60 par contribuable et de subsides de l’état. Je pense qu’en aucun pays il n’existe un régime de police hygiénique aussi détaillé et aussi parfait. Mais n’a-t-on pas dépassé la mesure? Dans une intéressante étude sur l’histoire du service sanitaire en Serbie, M. Vladan Georgevitch nous montre, dès le XIIe siècle, les anciens souverains serbes, le grand Stephan Nemanja et le roi Milutine fondant des hôpitaux. Nommé récemment maire de Belgrade, cet hygiéniste éminent s’est donné pour mission de faire de cette capitale la ville la plus saine de l’Europe. A cet effet, il s’occupe, en ce moment, de préparer de grands travaux de pavage, d’éclairage et d’égouts, ce qui est excellent; seulement, pour payer l’intérêt