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des douze millions que cela coûtera, il veut établir l’octroi, ce qui serait très regrettable. Alors que tous les économistes condamnent cet impôt et qu’on envie les pays qui, comme la Belgique et la Hollande, sont parvenus à l’abolir, on irait entourer Belgrade d’un cercle de douane intérieure et d’un cordon de gabelous, et on choisirait pour cela le moment où les nouveaux chemins de fer, qui relieront l’Occident à l’Orient, vont faire de la capitale serbe une grande place commerciale et où il faut surtout faciliter les échanges, en supprimant les entraves, les frais et les délais ! Mieux vaut accomplir lentement les améliorations que d’arrêter, dès le début, l’essor du commerce, qui fuit dès qu’on le gêne et qu’on porte atteinte à sa liberté.

— On fonde grand espoir sur le développement des industries extractives. Déjà existe à Maidan-Pek, aux mains d’une compagnie anglaise, une grande fonderie de fer, mais elle ravage les forêts et ne donne pas de grands bénéfices. Bientôt, grâce au chemin de fer, on pourra exploiter les couches de lignite qu’on rencontre entre Kupria et Alexinatz et aux bords de la Nischava, au-delà de Nisch, et aussi rouvrir les mines de plomb argentifères de Kapaonik et de Jastribatz, dans la vallée de la Topolnitza. Comme la Grèce au Laurium, la Serbie possède des résidus d’anciennes exploitations qui contiennent 5 à 6 pour 100 de plomb et 0,0039 d’argent. On estime qu’il y en a 426,000 mètres cubes. On les rencontre dans les montagnes de Glatschina, à 28 kilomètres de Belgrade.

— Le bâtiment où se réunit l’assemblée nationale, la skoupchtina, est une construction provisoire sans prétention architecturale. On y trouve, comme partout, des bancs en demi-cercle, l’estrade du bureau et des galeries publiques, mais il n’y a point de tribune pour l’orateur, chacun par le de sa place. Le régime constitutionnel ordinaire est en vigueur ; seulement il n’y a qu’une chambre. Le conseil d’état, avec onze à quinze membres, nommés par le roi, prépare les lois. Il a aussi d’importantes attributions administratives ; mais la skoupchtina seule vote les lois et le budget. Elle compte aujourd’hui 170 membres dont les trois quarts sont élus à raison de un député-par 3,000 contribuables et le dernier quart nommé par le roi « parmi les personnes distinguées par leur instruction ou leur expérience des affaires publiques. » Curieuse incompatibilité, les officiers, les fonctionnaires, les avocats, les ministres des cultes ne peuvent être désignés par le peuple, mais seulement par le roi. La skoupchtina se réunit chaque année. Le roi peut la dissoudre. Pour changer la constitution, oustaw, pour élire le souverain ou le régent, s’il y a lieu, ou pour toute question