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les dispersa promptement, et les obus réduisirent tous leurs villages en cendres.

En présence du pareils précédens, on ne comprendrait pas que le gouvernement français continuât à couvrir de son patronage des cliens aussi peu soucieux de reconnaître ses bienfaits, et il serait triste de songer que, pour assurer l’affranchissement politique d’un peuple qui ne s’est signalé que par ses habitudes de brigandage et ses actes de félonie à notre égard, la France dût incessamment épuiser ses trésors et verser le plus pur du sang de ses enfans. Puisqu’on a jugé à propos d’associer des indigènes à notre lutte contre les Hovas, on eut été assurément mieux inspiré en s’attachant à rechercher la coopération d’autres tribus plus intéressantes à tous égards que les Sakalaves, celle des Betzimsaraks, par exemple, qui habitent le versant oriental de l’île, que leurs rapports plusieurs fois séculaires avec les Européens ont initiés à une civilisation rudimentaire, et qui n’ont pas perdu le souvenir de la protection que la France étendait jadis sur eux. Leurs parages étaient jadis fréquentés par les escadres françaises qui opéraient dans la mer des Indes et venaient se ravitailler à Madagascar ; les escadres de Dupleix de La Bourdonnais et un bailli de Suffren purent y compléter les équipages de leurs navires ; et les excellens matelots fournis volontairement par les indigènes de ces contrées se trouvèrent ainsi associés aux brillans faits d’armes qui ont, dans la seconde moitié du siècle dernier, illustré notre pavillon dans ces mers.


IV

Ainsi que l’a fait remarquer justement ici même un écrivain compétent[1], l’importante question de l’insalubrité, si tristement célèbre, de Madagascar n’a été qu’effleurée, à la chambre des députés, par les divers orateurs qui ont soutenu la demande de crédits relative à notre expédition ; l’un de ces orateurs ayant même à peu près nié cette insalubrité, nous ne saurions mieux faire que de citer l’opinion qu’exprime à ce sujet l’auteur d’un des ouvrages les plus complets et les plus consciencieux qui aient été publiés sur Madagascar, en faisant remarquer que cet auteur a séjourné dans le pays, qu’il a étudié sur place la question qu’il traite, et enfin (ce qui donne d’autant plus de poids à son opinion), qu’il est, malgré tout, partisan très résolu de la colonisation de cette île. « Quant à l’insalubrité de Madagascar, dit le docteur Lacaille, personne n’ignore que ce pays a été placé au rang des contrées les plus malsaines de

  1. Edmond Plauchaut, France et Madagascar, dans la Revue du 15 juin 1884.