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SIX SEMAINES EN OCEANIE

I.
NORFOLK ET FIJI.


I. — ILE DE NORFOLK.

Sydney, 17 mai 1884. — Il y a réception à bord du Nelson. Le commandant de la station australienne, commodore Erskine, a réuni la crème de la société, Assis sur la passerelle, je jouis d’un joli spectacle, Toute cette jeunesse est Fort animée. On se promène, on danse, on fait la cour. Le temps est superbe. Le soleil baissant inonde de teintes rosées cette magnifique baie, qui ne m’a jamais paru plus belle.

Cette fête si gaie, si brillante a, pour moi, son côté mélancolique, C’est l’heure des adieux aux personnes qui m’ont comblé d’amabilités. Dans quelques minutes, je partirai pour les îles de l’Océanie, à bord de l’Espiègle, bâtiment de guerre de sa majesté britannique, commandé par le capitaine Bridge, Les occasions de visiter les îles du Pacifique sont excessivement rares. A moins d’affronter les périls, les lenteurs, les dégoûts, les privations d’une navigation à bord d’un baleinier ou d’un des bâtimens qui vont enrôler des ouvriers, à moins de posséder un yacht, genre de locomotion plus agréable que sûr dans ces parages, on doit renoncer à voir une des parties les plus intéressantes, mais les plus inaccessibles du monde. J’aurai donc le plaisir d’être l’hôte du capitaine de l’Espiègle pendant six semaines. Le 28 juin, ce bâtiment se trouvera à un point convenu sur la route du paquebot de Sydney à San Francisco. La direction de la Pacific-Mail-Steamer Company, qui réside à New-York, a autorisé le capitaine de la Cité de Sydney à me prendre