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chutes sont incomparablement plus rares, au moins à l’époque actuelle, que celles de masses pierreuses. Dans un siècle et demi, il n’en a été observé que deux en Europe : une en 1751, à Braunau, en Bohême ; l’autre à Agram, en Croatie, en 1847. En Sibérie, aux États-Unis, au Brésil et ailleurs, on a rencontré à la surface du sol des blocs de fer métallique, auxquels leur isolement, leur constitution, ainsi que leur contraste avec toutes les roches environnantes, autorisent à assigner une origine extra-terrestre, avec autant de certitude que si on les avait vus tomber.

Outre le fer métallique, les météorites renferment le plus ordinairement des substances pierreuses, qui consistent en silicates. On sait que la silice ou acide silicique, à l’état isolé, est représentée dans l’écorce terrestre par le quartz et le silex que nous foulons sans cesse aux pieds, le plus souvent en grains de sable, quelquefois en masses cohérentes. À l’état de combinaison, c’est-à-dire de silicates, la silice forme des espèces, dont plusieurs sont des plus abondantes dans le règne minéral, il en est deux qui, d’autre part, font partie essentielle des météorites, et qu’il est nécessaire de nommer ici : d’abord le péridot, ayant la magnésie et le protoxyde de fer pour bases ; puis le pyroxène, formé des mêmes élémens, mais avec une proportion d’acide silicique double de celle du péridot. Selon la quantité relative et le modo d’association du métal et des substances pierreuses, on distingue trois autres groupes de météorites qui sont à placer à la suite des fers massifs.

Quelquefois, les deux silicates précités sont en faible proportion et disséminés en grains dans le fer métallique qui fait continuité, d’où leur nom de syssidères ; ils sont logés dans les cavités d’une sorte d’éponge métallique. C’est un intermédiaire entre le premier groupe et les deux derniers, dans lesquels se rangent les masses essentiellement pierreuses. Comme exemples, on peut citer celle que le naturaliste Pallas a découverte à Krasnojarsk, en Sibérie, ainsi que de très nombreuses rencontrées éparses au Chili, dans le désert d’Atacama.

C’est au troisième groupe qu’appartiennent la plupart des météorites. Ici le fer métallique ne se trouve plus qu’en grains isolés et irréguliers, disséminés dans la pâte pierreuse ; cette disposition, inverse de la précédente, est rappelée par le nom de sporadosidères. Les parcelles de fer varient de la grosseur d’une noisette à celle de grains à peine visibles, ou même de poussières microscopiques. Quant à la matière pierreuse, en général, elle se compose, comme dans le second groupe, d’un mélange de péridot et de pyroxène, que l’action des acides sépare facilement l’un de l’autre.

Enfin, les météorites, comparativement peu nombreuses, dans lesquelles on ne distingue aucune parcelle de fer métallique, ont